Antonio Gamoneda.

Ma rencontre avec la poésie d’Antonio Gamoneda est fortuite et foudroyante. J’ai aimé tout de suite son acuité vertigineuse et sombre, sa survivance dans la recherche de la vérité et de l’absolu à travers le mensonge, dans cette promiscuité entre la lumière agonisante et acide et les ténébres de la perfection prétentieuse, dans la charnelle purulence de l’ardente et épaisse trahison, jaune, chaleureuse et réconfortante.
Sa poésie renferme la nausée et la violence de l’Espagne franquiste vécues dans la chair et le sang.
Il dit lui-même que son « profil d’écrivain va être déterminé par un ensemble de composantes historiques et biographiques : pauvreté familiale, rare fréquentation de l’école publique et contemplation innocente de la cruauté et de la misère morale de la guerre civile et de l’après-guerre militarisée

La lumière bout sous les paupières.
D’un rossignol abîmé dans la cendre, de ses noires entrailles, surgit une tempête. Les pleurs descendent dans les anciennes cavités jaunes, je discerne des fouets vivants
et le regard immobile des bêtes, leur aiguille froide dans mon coeur.
Tout est présage. La lumière est la moelle de l’ombre: des insectes vont mourir sur les bougies de l’aube. Ainsi
brûlent en moi les significations.
 

Il se peut que le silence dure au-delà de lui-même et que l’existence ne soit qu’un cri noir , un hurlement face à l’éternité.
L’erreur pèse sur nos paupières.
 

Le souffle de la poésie ondule dans la sérénité de nos anciennes douleurs.

Fin d'ère.

D’une certaine manière, on pourrait se croire à la fin de l’empire romain, c’est à dire dans une vulgaire farce de boulevard.
Après la perte de pouvoir du césar il y a six mois, voici qu’aujourd’hui ses héritiers, successeurs et rivaux, toute honte bue, s’écharpent et se déchirent férocement, s’envoient à la figure accusations et menaces.
Et dire que ceux là voulaient continuer à gouverner !
Il y a François, le challenger favoris, ombrageux, sérieux et moral, et Jean François en embuscade, le vrais et fier de l’être, héritier assumé, au sourire caméléon et très publicitaire, à la courtoisie très féline, de façade façon FN.
Légitimement peut-on se demander aujourd’hui: mais, en définitivement quelles sont donc leurs valeurs authentiques ? ou plutôt leur restent ils encore des valeurs à défendre ?
C’est vrais François parle aujourd’hui de crise morale, de crise de confiance, ce qui est quand même mieux que rien, mais n’est ce pas un peu tardif comme déclaration ? Pour lui cette crise qu’il n’invoque qu’aujourd’hui, n’a-t-elle que son échec personnel pour origine ?
Quant à Jean François, avec sa dégaine de droite extrêmement assumée, il défend sans états d’âme, cette fois becs et ongles, sa victoire à la légitimité pourtant très légitimement contestée.
Quand on pense que ces mêmes promettaient sans rire de moraliser la vie politique française. Et dire que ceux là voulaient continuer à nous gouverner.
C’est bien la fin d’un règne.