Antonio Gamoneda.

Ma rencontre avec la poésie d’Antonio Gamoneda est fortuite et foudroyante. J’ai aimé tout de suite son acuité vertigineuse et sombre, sa survivance dans la recherche de la vérité et de l’absolu à travers le mensonge, dans cette promiscuité entre la lumière agonisante et acide et les ténébres de la perfection prétentieuse, dans la charnelle purulence de l’ardente et épaisse trahison, jaune, chaleureuse et réconfortante.
Sa poésie renferme la nausée et la violence de l’Espagne franquiste vécues dans la chair et le sang.
Il dit lui-même que son « profil d’écrivain va être déterminé par un ensemble de composantes historiques et biographiques : pauvreté familiale, rare fréquentation de l’école publique et contemplation innocente de la cruauté et de la misère morale de la guerre civile et de l’après-guerre militarisée

La lumière bout sous les paupières.
D’un rossignol abîmé dans la cendre, de ses noires entrailles, surgit une tempête. Les pleurs descendent dans les anciennes cavités jaunes, je discerne des fouets vivants
et le regard immobile des bêtes, leur aiguille froide dans mon coeur.
Tout est présage. La lumière est la moelle de l’ombre: des insectes vont mourir sur les bougies de l’aube. Ainsi
brûlent en moi les significations.
 

Il se peut que le silence dure au-delà de lui-même et que l’existence ne soit qu’un cri noir , un hurlement face à l’éternité.
L’erreur pèse sur nos paupières.
 

Le souffle de la poésie ondule dans la sérénité de nos anciennes douleurs.

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