C’est un quartier de Strasbourg, loin du centre, enclavé entre l’autoroute et l’Ill, célèbre pour sa cité et surtout pour la prison. Chaque ville un peu importante a sa prison, celle de Strasbourg se trouve dans le quartier de l’Elsau et dresse ses murs d’enceinte, ses filets et ses miradors au bord de l’autoroute.
Les rives de l’Ill dans le quartier de l’Elsau sont un lieu de promenade, à pied ou en vélo, peu fréquenté et pourtant très agréable. Au retour de mes balades dans ce quartier, souvent je fais le détour par la prison (ça me fait penser à la Chance au monopoly: « Vous allez directement en prison, vous ne passez pas par la case Départ… »).
La case prison, c’est une cellule obscure saturée d’attentes, de promiscuité, de maux non expiés et de châtiments à endurer, murée de silences et de cris inquiétants, de désirs de vengeance ou de désir de rien.
Regarder la prison c’est regarder le vide, c’est vertigineux comme un enfer sans fard.n
Mois : juillet 2013
Passion du regard.
Antonio Gamoneda.
Le soir entre soudain dans la cuisine, s’affole sur le cuivre, met en gloire la rouille des mères. Comme une toile il gagne les chambres, traverse, dore la face de l’homme, heurte les boiseries, franchit le laurier, tremble dans ses feuilles.
A présent, sur les chemins reviendront mules blanches et bœufs rouges et, fatigués, les hommes avec leurs cheveux plein de pailles
de blé.
Les ombres s’agrandissent au bord du mur de terre. Des langues d’acier plongent dans les eaux silencieuses.