Billancourt est désespéré.
En moins de cinq ans la crise est totale et, de financière et économique, est devenue sociale, politique et morale. Le vote populaire massif pour l’extrême droite marque la démission individuelle et le renoncement aux valeurs fondatrices de nos démocraties: liberté, égalité et fraternité.
Enfoncés dans la crise économique et sociale, frustrés d’attentes et d’espérances élémentaires inassouvies, ulcérés par le spectacle des inégalités croissantes, coupés des élites trop hautaines, privilégiées et corruptibles, incapables de structurer leur révolte, le moral et la morale d’une large partie des gens du peuple vacillent et se prend à écouter les sirènes de l’exclusion et du repli identitaire avec un discours basique et tellement facile: les étrangers sont la cause de tous nos maux et, donc, pour chasser nos problèmes, il suffit de chasser les étrangers.
En d’autres temps, dans l’Allemagne en crise, les nazis parlaient dans termes bien identiques: « il y a quatre millions de chômeurs et il y a quatre millions de juifs », arithmétique stupide et terrifiante.