Marina Tsétaïeva, mourir à Elabouga par Vénus Khoury-Ghata

C’est à une plongée dans les années 20 et 30, de l’Europe et de la Russie post révolutionnaire que nous invite ce livre, et du destin implacable de cette brillante intelligentsia russe décimée et brisée par l’exil et les purges staliniennes.

Marina Tsétaïeva, miséreuse, trahie et désespérée, provocante et scandaleuse, vouée à sa poésie et niée par ses contemporains en finira avec ses jour au bout du monde, dans la bourgade d’Elabouga sur la rivière Kama quelque part, loin en pays Tatar.

Condamnée par la Russie stalinienne, son œuvre sera réhabilitée dans les années soixantes.

MARS

Ô pleurs d’amour, fureur !
D’eux-mêmes — jaillissant !
Ô la Bohême en pleurs !
En Espagne : le sang !

Noir, ô mont qui étend
Son ombre au monde entier !
Au Créateur : grand temps
De rendre mon billet

Refus d’être. De suivre.
Asile des non-gens :
Je refuse d’y vivre
Avec les loups régents

Des rues — hurler : refuse.
Quant aux requins des plaines —
Non ! — Glisser : je refuse —
Le long des dos en chaîne.

Oreilles obstruées,
Et mes yeux voient confus.
À ton monde insensé
Je ne dis que : refus.

                    15 mars-11 mai 1939.


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