Que faire du rapport Gallois ?

Le rapport Gallois sera public lundi avec le plein de recettes pour la « compétitivité des entreprises ». En résumer, ne doutons pas que ce sera bien sûr la baisse des coûts du travail qu’ils soient directs (les salaires, le temps de travail) ou indirects (la sécurité sociale, les charges).


Quand même, en guise de réflexion et pour relativiser ce rapport, voici la conclusion d’une étude de Thomas Piketty professeur du Collège de France (pas vraiment un profil ultra gauche…), exposée le 2 mars 2011 sur Croissance économique et répartition des richesses – Le capitalisme du 21e siècle sera-t-il aussi inégalitaire et instable que celui du 19e ?:
 

  • Le pire n’est jamais certain (là ça ressemble plutôt à de l’humour noir)
  • Mais depuis la chute du Mur on a beaucoup sur-estimé les capacités auto-stabilisatrices de l’économie de marché et du capitalisme, et on refuse toujours de voir les signaux d’alerte
  • Sans une puissance publique assez forte pour dompter le capitalisme et le mettre au service de la démocratie, on court le risque d’inégalités aussi fortes que celles du 19e siècle et de déflagrations (les guerres mondiales) aussi terribles que celles du 20e siècle
  • Une leçon du passé: la capacité des économistes à justifier l’ordre établi ne connaît pas de limites. (tiens ! il connait peut-être Mr Gallois ?)

Dans son étude, le même professeur écrit également:
Le capitalisme est-il auto-équilibré? Existe-t-il des forces limitant les inégalités et ramenant naturellement les sociétés sur des « sentiers de croissance équilibré »

  • Non. Les forces déséquilibrantes peuvent facilement l’emporter. Le système de prix ne connaît ni limite ni morale. Sans une vigoureuse reprise en main par le pouvoir politique, le capitalisme met en péril les valeurs méritocratiques qui sont au fondement de nos démocraties modernes.

Et pour la capacité au système capitaliste de s’autoréguler (la fameuse moralisation du capitalisme chère à Sarko), voilà ce qu’écrit encore la même personne:
Principale leçon du 20e siècle: ce sont les guerres qui ont fait table rase du passé, et qui ont donné l’illusion d’un dépassement du capitalism

  • Réduction des inégalités 1914-1945: chocs subis par les patrimoine (destructions, inflation, faillites, politiques anti-capital); rien à voir avec un processus naturel auto-équilibrant à la Kuznets
  • L’impôt progressif lui-même est davantage le produit des guerres et du chaos que de la démocratie, ce qui explique sa remise en cause depuis 1980.

Voilà, voilà. Ça fait froid dans le dos mais, autrement dit, la devise du futur du capitalisme serait donc: »plus barbare que moi, tu meurs ». Alors, le rapport Gallois, bof.
ps: pour l’étude complète, c’est ici.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *