Bonjour Mr REZA.

Reza Deghati par Claude Truong-Ngoc avril 2022

Pour la seconde fois Reza nous fait l’immense plaisir d’être présent à Strasbourg pour le 3ième Salon de Photographie de Strasbourg et à cette occasion nous a offert une conférence à laquelle j’ai eu la chance de pouvoir participer comme auditeur.

Sans artifice et sans projecteur, Reza nous a parlé une heure durant de ses photos, de sa démarche, de son parcours, de son éthique. L’écouter à été pour moi un moment exceptionnellement intense par les valeurs d’équité, de justice, d’humanité et d’universalité portées par cet homme. Une parole qui fait un bien fou et qui contraste avec une actualité et des discours souvent très sombres et très fermés.

Reza Humanist Photographer.
Reza Humanist Photographer.

Voici son site internet sur lequel vous pourrez retrouver ses plus célèbres photographies qui ont fait le tour du monde : http://reza.photo

Et si l’occasion pour vous se présente, courrez voir ses images et l’écouter !

Sur les quais de Strasbourg.

Dieu que les villes peuvent être belles, ici en Alsace ou ailleurs en France. Comme partout, comme en Russie ou en Ukraine. Ah non ! plus en Ukraine, ou pour plus très longtemps pour celles qui sont encore épargnées.

Bien sûr, ce sont des lieux où les inégalités sociales se manifestent ouvertement et violemment, mais ceux sont aussi des lieux de rencontres amicales et de bien-être.

Comme en Syrie hier, la Russie ou plutôt Poutine détruit aujourd’hui les villes d’Ukraine sans aucun motif raisonnable, juste pour terroriser les populations qui refusent de se soumettre. Non seulement Poutine est un dictateur, mais c’est en plus un terroriste, et il devra être jugé pour cela.

Marina Ovsiannikova

Marina Ovsiannikova (Марина Овсянникова) est une femme russe productrice employée à la télévision qui, faisant preuve d’un courage et d’une résolution magnifique, vient de manifester le 14 mars 2020 son rejet et son opposition à la guerre en direct sur la télévision russe !

Marina est la personne qui déploie l’affiche sur laquelle elle dit : « Non à la guerre. Arrêtez la guerre. Ne croyez pas à la propagande. Ils vous mentent ici. Les Russes contre la guerre »

Elle a également publié une vidéo sur la messagerie Télégram expliquant son geste:

Voici ce qu’elle dit :

« Ce qui se passe en Ukraine en ce moment est un véritable crime. Et la Russie est l’agresseur. Et la responsabilité de ce crime ne pèse que sur la conscience d’une seule personne. Et cette personne est Vladimir Poutine. Mon père est ukrainien, ma mère est russe. Ils n’ont jamais été ennemis. Et ce collier autour de mon cou est un symbole du fait que la Russie doit immédiatement arrêter la guerre fratricide afin que nos peuples frères puissent encore se réconcilier. Par malheur, ces dernières années, j’ai travaillé sur la Première chaîne, en faisant la propagande du Kremlin, et j’en ai maintenant très honte. J’ai honte de les avoir laissés raconter des mensonges sur les écrans de télévision. J’ai honte de leur avoir permis de transformer en zombie le peuple russe. Nous sommes restés silencieux en 2014 quand tout cela a commencé. Nous ne sommes pas allés aux rassemblements et aux manifestations lorsque le Kremlin a empoisonné Navalny. Nous nous sommes contentés d’observer silencieusement ce régime anti-humain. Et maintenant, le monde entier nous a tourné le dos. Et les dix prochaines générations à venir ne seront pas en mesure de laver la honte de cette guerre fratricide. Nous sommes le peuple russe. Nous sommes réfléchis et intelligents. Il est en notre pouvoir d’arrêter cette folie. Allez manifester, n’ayez pas peur, ils ne peuvent pas nous arrêter tous »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marina_Ovsiannikova

Marina Ovsiannikova a été arrêtée et va être jugée pour avoir dit la vérité et défié Poutine. La France lui a offert sa protection.

Pour un empire…

Ah Vladimir ! tu rêves d’empires, de la Grande Russie d’antan et tu te rêves en nouveau tsar.

Regardes toi dans ta glace, toi qui prétend « dénazifier » ailleurs, et commence par te voir tel que tu es, prétentieux, cynique, brutal, menteur, commanditaire assassin. S’il y a un « nazi » dans cette histoire, ce serait plutôt toi.

Vladimir, tu n’es qu’un flic, un apparatchik du KGB. Ah non ! tu ne seras jamais Ilitch. Tu es un traître aux peuples opprimés et à la classe ouvrière, tu n’es qu’un valet de l’impérialisme russe, un oppresseur de plus, un traître à ton pays et à sa révolution.

Oui, regardes toi encore une fois dans la glace et rajuste ton uniforme, tu a rejoint depuis longtemps les Pinochet, Vidéla, Trump, Bolsonaro et consort dans la longue longue liste des petits tyrans.

Où est passée la gauche, la gauche, la gauche !!!

Sur un air de Patrick Juvet, ils sont assez nombreuses et nombreux entre les déclarées, ceux qui pourraient revenir et ceux qui peut être, pour le bien du pays, pourraient faire un pas de plus, ils sont assez nombreux nos candidats et candidates de gauche pour s’offrir tous ensemble une belle fête à tout casser, comme un soir d’élection.

Avec des lendemains qui ne chanteront pas, un peu glauques et amers, comme après une élection pire que perdue, abandonnées à la droite et à l’extrême droite.

Et tant pis pour les rêves de celles et ceux qui espéraient plus de justice sociale, plus d’égalité, plus d’intelligence, plus de partage et de solidarité. Pas aux calendes grecques, non, ni même dans 5 ans…

Tous ont leur légitimité et tous veulent sortir des impasses où d’autres nous ont amenées . Et tous parlent d’union. Mais avec eux et pour eux. Et sans la faire.

« Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de mieux connaître un jour le monde et les hommes, et résous-toi à choisir ton venin. »

Cette phrase est extraite d’un texte écrit il y a quelques jour par Mohammed Bourokba, dit Hamé, rappeur membre du groupe « la Rumeur ». Ce texte a été publié dans le Monde.

En un mot Mohammed refuse de rentrer dans la logique des clans, des ‘pour’, des ‘contre’, des ‘anti’, des ‘pro’; il rêve tout haut (et se désespère) d’une société apaisée, démocratique, fraternelle, solidaire et progressiste.

Bien sûr, bien sûr, comment lui donner tort… mais notre société est de fait divisée et elle se fragmente de plus en plus parce qu’elle est de plus en plus inégalitaire ! et ce texte ne dit rien des inégalités … et de fait à tendance à renvoyer un peu facilement dos à dos ceux qui subissent les inégalités et ceux qui en profitent.

Comme il y a aussi ceux qui sont traditionnellement largement opprimés (les immigrés, les noirs, les femmes, les homosexuels, etc…) et qui ont elles et eux de bonnes raisons de se défendre …

Bien sûr, et c’est toute la difficulté, l’âme des opprimés et des perdants peut aussi se noircir, surtout si elle est ignorée et oubliée, avec le risque qu’à la fin il ne reste plus comme horizon que l’affrontement aveugle et sans limite comme venin.

Voici le texte complet qui mérite d’être lu:

En cette époque de lorgnettes et de minuscules variants, on a éloigné les grands sujets à une telle distance que c’est à peine si on les distingue encore, au loin, avec des lentilles grossissantes.On sait très bien cultiver, en revanche, les vrais faux sujets, les belles pommes de discorde bien pourries, avec ce soin tout méticuleux, cette application toute quotidienne que l’on retrouve dans l’art de gaver les oies.Comme s’il fallait reconnaître aux myopes qui monopolisent les médias de masse l’avantage d’avoir, de très près, la vue d’autant plus perçante. Et aux millions de spectateurs qui assistent hébétés au matraquage l’envie décomplexée d’écouter encore jusqu’à la coupure publicitaire…Qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, il semble n’exister qu’une préoccupation centrale. Une seule en tout cas qui vaille la peine qu’on répande sur elle des pluies d’or depuis quelques années déjà, et davantage encore depuis l’ouverture de la chasse à la présidentielle. Il s’agit bien sûr de la fameuse « guerre des identités ». Avec d’un côté la défense d’une identité « majoritaire menacée d’extinction », inspirée par une droite qui ne sait plus très bien faire la différence entre le fantôme du général de Gaulle et celui de Tixier-Vignancour ; et de l’autre côté, la défense d’identités « minoritaires et dominées », inspirée par une gauche qui a enterré si profondément ses prolos qu’elle s’acharne d’autant plus à réétiqueter sa clientèle électorale.Tirs aux pigeonsNous obtenons alors un clivage de type apparent « progressistes vs réactionnaires », mettant en scène des représentants autoproclamés et médiatiques qui, au nom des Blancs en général, des Noirs en général, des femmes, des jeunes, des vieux, des homos, des juifs ou des musulmans en général, se lancent dans d’interminables parties de tirs aux pigeons.Les uns et les autres de ces « groupes à défendre » n’ayant désormais rien de mieux à s’échanger que le sentiment de leur détestation mutuelle ; rien d’autre à faire en commun que se surveiller et veiller à la robustesse de leurs revendications réciproquement inconciliables.Il n’y a qu’à allumer n’importe quel écran pour s’en faire une idée cuisante : fini les questions fondamentales lancées à l’adresse ou à l’initiative de l’ensemble du peuple français ; fini le progrès collectif, la conquête de droits sociaux et politiques universels – ces vieilles lunes ! –, nous n’avons plus rien à faire ensemble, plus rien à entretenir d’autre que des fragments de niches, des relativismes ad nauseam, auxquels les algorithmes préférentiels de nos petits smartphones sauront d’ailleurs nous renvoyer inlassablement.Et bienvenue aux pléthores de télescopages d’opinions courtes et d’avis tranchants comme des lames, aux « sensibilités particulières » définitives et saignantes. Bienvenue aux clashs de points de vue symétriquement aveugles et assassins ; aux arbitrages de punchlines faites pour tuer ; aux ligues de défense de ceci, aux fiertés de cela ; aux index inquisiteurs pointés sur telle ou telle minorité religieuse, sexuelle ou ethnique ; aux diatribes accusatrices émanant de tel ou tel membre de ces mêmes minorités passé à son tour du côté des lyncheurs ; bienvenue à tout ce qu’il faut pour mettre le feu à la plaine, aux villes, aux barres d’immeubles et au clocher du village.Oppositions brutales et binairesEntrez-y, de force ou de gré, carrez-vous ce nouveau paradigme dans le crâne et jetez-vous-y ! Que l’on s’empoigne jusqu’au sang dans ces oppositions identitaires brutales et binaires, qu’elles prennent toute la place sur les chaînes et les fils de posts ; et que chacune et chacun d’entre nous, s’installe comme chez elle ou chez lui dans son ontologie « de souche », « de genre », « de race », « d’orientation X », « de confession Y », « de tradition Z »… De quoi frissonner, rire et pleurer tout à la fois. De quoi nous étouffer pour de bon, derrière nos masques FFP2 usés, avec nos difficultés à respirer cet air déjà saturé de crises économiques qui nous environne.Jusqu’où peut-on émietter un peuple ? A quel degré d’absurdité peut-on lui brouiller la vue ?Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de mieux connaître un jour le monde et les hommes, et résous-toi à choisir ton venin.Nous sommes nombreuses et nombreux, en dépit de nos appartenances réelles ou supposées, à partager cette conviction que c’est la noblesse des peuples de se poser collectivement l’impératif de « vivre libres et ensemble sur une terre libre », comme un arc tendu vers notre émancipation. Nous sommes nombreuses et nombreux à sentir aussi que quelque chose se fragmente aujourd’hui, que le poison de la division est en train de faire son taf et qu’il nous mène lentement vers un embarcadère où les mots ne voudront plus rien dire. Celui de la guerre civile.On peut se remettre de tout, bien sûr. Mais plus difficilement des pactes que l’on scelle avec le diable.

« La ballade de Mauthausen »

poème de Ιάκωβος Καμπανέλλης (Iákovos Kambanéllis)

musique de Μίκης Θεοδωράκης (Mikis Théodorakis)

Τι ωραία που είν’ η αγάπη μου με το καθημερνό της φόρεμα κι ένα χτενάκι στα μαλλιά.

Comme elle est belle ma bien aimée Dans sa robe de tous les jours Avec son peigne dans les cheveux.

Κανείς δεν ήξερε πως είναι τόσο ωραία

ersonne ne savait combien elle était belle.

Κοπέλες του Άουσβιτς, του Νταχάου κοπέλες, Mην είδατε την αγάπη μου;

Filles d’Auschwitz, Filles de Dachau, N’auriez-vous pas vu ma bien aimée ?

 Την είδαμε σε μακρινό ταξίδι, δεν είχε πιά το φόρεμά της ούτε χτενάκι στα μαλλιά.

Nous l’avons vue durant un long voyage Elle ne portait plus de robe ni de peigne dans les cheveux.

Τι ωραία που είν’ η αγάπη μου, η χαϊδεμένη από τη μάνα της και τ’ αδελφού της τα φιλιά. 

Comme elle est belle ma bien aimée, choyée par sa mère aimante et embrassée par son frère. 

Κανείς δεν ήξερε πως είναι τόσο ωραία

Personne ne savait combien elle était belle.

Την είδαμε στην παγερή πλατεία μ’ ένα αριθμό στο άσπρο της το χέρι, με κίτρινο άστρο στην καρδιά.

Filles de Mauthausen, Filles de Belsen, N’auriez-vous pas vu ma bien aimée ?

Τι ωραία που είν’ η αγάπη μου, η χαϊδεμένη από τη μάνα της και τ’ αδελφού της τα φιλιά

Nous l’avons vue glacée dans la cour avec un numéro sur son bras pâle une étoile jaune sur le cœur. 

Τι ωραία που είν’ η αγάπη μου, η χαϊδεμένη από τη μάνα της και τ’ αδελφού της τα φιλιά

Comme elle est belle ma bien aimée, choyée par sa mère aimante et embrassée par de son frère. 

Κανείς δεν ήξερε πως είναι τόσο ωραία

Personne ne savait combien elle était belle.

Les veilleurs de Sangomar

Fatou Diome

Il s’agit du titre du dernier roman de Fatou Diome qu’elle a puisé dans ses origines profondes qui se situent là-bas au Sénégal dans le delta du fleuve Saloum. Sangomar, c’est une île magique où selon la tradition sérère niominka réside le dieu Rog Sene et l’esprit des ancêtres le Pangool.

En 2002, un terrible naufrage d’un ferry, le Joola, a provoqué la mort de plus de 2000 passagers non loin de cette île. Coumba est un jeune veuve qui a perdu son mari dans ce naufrage. Le roman raconte le deuil de cette femme et comment elle réussit à surmonter sa détresse et les préjugés qui l’entourent en puisant dans le souffle des traditions ancestrales de son peuple et grâce au soutien de sa mère Yaliâm et à la présence de sa petite fille Fadikiine.

Fatou Diome

L’écriture de Fatou Diome est magnifique, riche, fluide et limpide. Ce roman offre un bain dans cette culture sérère méconnue et riche d’une histoire qui remonte au temps de l’édification des pyramides de l’Égypte ancienne.

Un Papa ! Une Maman !

La très catho « Manif pour Tous » à saveur vichyssoise se tait et préfère regarder ailleurs.

Après celle des violences conjugales, la réalité cruement dévoilée par le rapport Sauvé a balayé les images d’Epinal d’une famille nucléique aux valeurs normatives, traditionalistes, moralistes, idéalistes, simplistes, virginales et mythiques ! même pas l’image d’un homme et d’une femme, sûrement trop sexuée, non juste celle d’un papa et d’une maman, et avec des auréoles sur la tête ! Très clean, très purs, très bons sentiments, comme un homme d’église quoi !

Nos sentiments, de l’altruisme à la cruauté, échappent à toutes normes et à toutes règles.

La seule réalité, c’est que chacun, face à lui-même d’abord, construit ou détruit sa liberté et sa vérité avec ses semblables. Ainsi le Bien et le Mal existent, mais nul ne sait où ni quand.

Les enfants se nourrissent affectivement de cette vérité et de cette liberté que leur apportent ou non les adultes en général et leurs parents en particulier .

Et là, peu importe s’il s’agit d’un homme, d’une femme, de deux femmes, de deux hommes ou d’un homme et une femme.