Un dimanche au cachot – Patrick Chamoiseau

P Chamoiseau - Un dimanche au cachot
Patrick Chamoiseau


Ce livre est un roman. Enfin… c’est écrit dessus, mais en est-ce vraiment un ? ou alors, c’est un roman bien étrange, entre histoire, culture créole et philosophie.

C’est l’histoire d’une petite fille à moitié folle, Caroline, enlevée à des parents drogués et brutaux puis confiée à une institution, la Sainte Famille.
Les bâtiments de cette institution sont construits sur l’emplacement d’une très ancienne plantation sucrière esclavagiste dont ne subsiste plus aujourd’hui que quelques vestiges en ruines. Et un peu à l’écart, une voûte sombre faite en pierres et à moitié enterrée est restée de cette époque.
Caroline ne s’est pas intégrée avec les autres enfants de l’institution, elle reste très isolée et, de façon inexplicable, fuit souvent se réfugier sous cette voûte en ruine où elle parait se sentir mieux, se détendre et s’apaiser. Sylvain, un éducateur de l’institution, a pourtant tout tenté. punitions, récompenses, pour sortir Caroline de son isolement, mais en vain.

Alors, en désespoir de cause, il demande à un ami, l’auteur, lui donc l’écrivain mais aussi éducateur de métier, de rejoindre Caroline sous cette voûte refuge pour tenter d’établir une relation avec elle, pour parler avec elle et pour essayer de la faire revenir.

C’était un dimanche pluvieux, un peu vide et désœuvré que tous les deux, Caroline et l’auteur, vont se retrouver comme piégés, enfermés pour de très longues heures sous cette voûte qui semble se refermer sur eux.


C’est le début de la plongée de l’auteur dans l’histoire de cette voûte sinistre où Caroline l’a attiré. Et il va y rencontrer tous les personnages du passé esclavagiste de cet endroit.

Il y a le Vieux Blanc aujourd’hui disparu, le défricheur, le violeur l’Oubliée et de la mère de l’Oubliée et de tant d’autres.
Il y a L’Oubliée, fille du Vieux Blanc et rejetée par sa Manman Bizarre, l’Africaine, Mais voici aussi La Belle, mystérieuse, indomptable, maléfique avec son ongle menaçant et qui s’avérera être la grand mère de L’Oubliée et la mère de l’Africaine. La mère et la grand mère se précipiteront vers la mort et les tortures plutôt que de subir l’asservissement.
Et il y a le Maître-Béké, le fils du Vieux Blanc, qui a repris la sucrerie esclavagiste lorsque le vieux blanc est devenu trop vieux puis est mort. Le Maître-Béké et son molosse dominent par le terreur ce lieu peuplés d’esclaves noirs déportés depuis l’Afrique.
Il y a le Vieil Esclave et Sechou tous deux seuls compétents pour la cuisson des cannes à sucre et donc à la fois indispensables au Maître et aussi inexistants comme êtres humains aux yeux du Maître, parce que noirs et esclaves, juste des machines. Le Vieil Homme puis Sechou vont marronner et fuir la sucrerie et le Maître-Béké et son Molosse sans que ces derniers ne parviennent à les reprendre pour les châtier.
Et il y a le Visiteur, le vendeur de porcelaine, qui est venu de France jusqu’ici, Hostile à l’esclavage il est venu pour constater, pour comprendre et pour témoigner. Son nom ? Victor Schoelcher.

L’Oubliée a eu peur pour le Vieil Homme lorsqu’il s’est enfui et

« elle avait maudit le ciel avec les mots de sa Manman Bizarre: consonnes vélaires, gutturales, qui s’épenchaient comme une grouillée de bêtes. »

Parce que dans la déraison de ces mots étranges incompréhensibles résonnent les profondeurs de la lointaine et originelle Afrique, le Maître-Béké fait jeter au cachot L’Oubliée.

Le cachot, c’est un lieu d’horreur dont on ne sort pas vivant, c’est en soit une torture;

« ce machin-là, c’est la mort en figure… c’est la mort dans la mort… »

en dit Sechou au visiteur.

Cette voûte sombre où Caroline et l’auteur se retrouvent enfermés est peut-être bien le vestige du cachot où L’Oubliée a été enfermée. Et l’auteur en écrivant pour son roman l’histoire de L’Oubliée, revit avec Caroline toute l’histoire dont elle-même est issue, son histoire.
Dans le cachot, L’Oubliée doit affronter le vide, la promiscuité effrayante des rats, des vers et des insectes rampants piquants mordants, et puis aussi la menace mortelle et de plus en plus proche et précise des bêtes-longues agressives et venimeuses. Comme sa mère l’Africaine et sa grand-mère La Belle, L’Oubliée ne cède pas à la peur de la mort. Mais elle échappe à la mort, elle affronte son destin et finit par réussir à survivre au cachot et aux bêtes-longues. L’Oubliée finalement quittera le cachot et la plantation sucrière sans avoir besoin de fuir, en passant calme, tranquille, la tête droite devant le Maître et son Molosse qui s’écarteront et la laisseront aller et partir vers les grands bois pour rejoindre ceux déjà partis.

Et Caroline accompagne l’auteur lorsqu’il s’enfonce profondément dans l’histoire de L’Oubliée, elle le soutient lorsqu’il vacille et risque de se perdre dans les ténèbres de la voûte et de l’histoire terrible qu’il écrit. C’est Caroline qui finalement sort la première de la voûte et tend la main à l’auteur pour l’aider à sortir à son tour quand Sylvain est venu les chercher. Et Sylvain est éberlué de voir que Caroline est devenue docile, qu’elle ait retrouvé un regard d’enfant et qu’elle soit allée spontanément rejoindre les autres enfants.
Sylvain dit que c’est grâce à l’auteur que Caroline est sauvée de son isolement et sa folie, mais non, l’auteur ne le pense pas.
Lui pense simplement ceci:

« J’avais seulement incarné dans ce cachot la douloureuse liberté que L’Oubliée était forcée de s’inventer. Sechou, le Maître, L’Oubliée, le visiteur… je les avais laissés me traverser en plusieurs mailles… Je les avais regardés vivre leur vie en moi, sans moi. Aller vivre leurs libertés en moi sans rien leur demander d’autre qu’une petite distance, ma propre liberté… »

« C’est en restant indécidable qu’une liberté peut ouvrir à toutes les libertés »

« La beauté est toujours neuve, c’est son signe. Elle se renouvelle et renouvelle toujours et c’est pourquoi on ne saurait la définir. Elle ne peut entraîner ni tyrannie ni barbarie quand on la cherche toujours et qu’on n’arrête pas. De la chercher toujours vous confie à la grâce ,.. cette grâce partout comme une légèreté. Ce que confère la grâce c’est l’intuition de la beauté. »

C’est un beau texte !

Des torrents de ténèbres et quelques clartés salvatrices…

Alain Bauer

S’en tenir aux faits, s’interroger, écouter, comprendre, partager, et toujours préserver son humanité profonde en ce que nous partageons tous (peines, joie, douleur, espoir, souffrance, vie, mort,…) quelle que soit son origine et son parcours de vie.
Parler autrement du sort des immigrés est une imposture et un déni.

Mais bon il est totalement inutile de développer l’actualité chargée du moment, ici et ailleurs.

Par hasard, j’ai pu écouter sur France 5 dans l’émission C à Vous du 7 février les explications et analyse d’Alain Bauer en particulier, sur les sujets de l’immigration ou du droit du sol.

Les ayant trouvé très pertinentes, je tenais à les conserver et à les partager.

Les voici donc:


J’espère que vous avez pris le temps et l’attention pour écouter en totalité cet extrait dont je partage complètement et les explications et les conclusions.

la Crête Minoenne

Voici quelques photos ramenées de mon voyage récent là-bas. Il y a celles qui nous renvoient vers les plaisirs du soleil de la mer et des vacances, comme celle-ci

ou comme celle-là

ou encore comme cette autre

Et puis il y en d’autres qui nous parlent du passé et de l’histoire de cette île qui à commencé si tôt dès la fin du troisième millénaire avant JC, soit plus de 5000 ans !

Ces images nous racontent un peu de ce passé minoen très particulier et original avec une civilisation qui étonne toujours par sa finesse et sa sophistication dans cette région du monde

Voici les vestiges du palais de Phaestos

et de la Villa d’Haghia Triada

et ceux de Zakros

et du bien connu Palais de Cnossos

Voici une tablette gravée en linéaire B,

et le célèbre Disque de Phaestos !

« Ce chemin qui n’a pas de nom »

Ça pourrait être comme le titre d’un roman ou d’une chansonnette. Ça pourrait aussi un jeu de société bien connu pour soirées froides, avec ses dés, ses gares, sa case prison, ses cases « Chance » ou « vous reculez de trois cases » – avec l’avenue de la Paix ? ah non, pas l’avenue de la Paix – Ça pourrait être un game sur console avec son écran sa manette et sa bande son.

Mais non cette histoire n’est pas une fiction pour s’échapper d’un quotidien trop morne. C’est une histoire particulière vécue par une personne précise bien réelle dont le nom est Deedar, mais des milliers d’autres personnes partagent le même destin et vivent des histoires très similaires, bousculées par les violences et la barbarie sur des chemins interminables.

Deedar lorsque il est parti sur son chemin était un enfant de 15 ans et son chemin l’a amené à 17000 km de chez lui, au bout de 18 mois où trop nombreux sont les jours de souffrances extrêmes, les jours d’échecs et de désespoir, les jours à côtoyer la mort, cette mort qui a déjà emporté son frère ainé parti avant lui sur le même chemin.

Deedar est acharné, opiniâtre, résistant physiquement et moralement, intelligent et respectueux et a réussi à conserver sa vitalité son attachement au siens et sa sensibilité. Deedar a été soutenu le plus possible par les siens, par sa famille. Si Deedar est arrivé au bout du chemin, c’est parce qu’en plus Deedar a eu assez de chance, contrairement à beaucoup qui suivent le même chemin et qui au mieux finissent par renoncer.

Deedar est afghan. Avec sa famille, pourchassé par les talibans, il a du fuir l’Afghanistan et se réfugier dans un Pakistan hostile. Enfermé dans un camp de réfugiés Deedar n’en peut plus, et il dit à son cher père:

… on va tous mourir, un jour ou l’autre. Ca pourrait être ici. Ou là-bas. J’ai pensé que, pour moi, ça pourrait être plus tard encore, et ailleurs. Que je pourrais tenter ma chance pour une autre vie.

Deedar a raconté l’histoire de son chemin, son histoire. Claire Adhuy en a fait un livre magnifique, magnifiquement illustré par Maxime Garcia

Aujourd’hui Deedar vit en France où il a obtenu le statut de réfugié. Grace à ses qualités, il a rapidement obtenu un CDI comme cuisinier dans un restaurant et il rêve. Il rêve de devenir français ! et je lui souhaite que son rêve se réalise vite.

Des signes et des codes.

Numeric, Virus, Fishing, Security, Cryptage, Login, Password, Keepass, PIN, PUK, Smileys, Algospeak, Fake, Trackers, Cookies, GAFAM, Darknet autant de mots d’une réalité certes virtuelle mais bien sombre et tellement réelle et quotidienne même si plus si nouvelle et qui s’ immisce jusqu’à envahir notre espace mental.

Tous les jours, j’allume mon PC puis mon smartphone (ou l’inverse …) et tous les jours je dois taper des codes, me loguer puis donner plusieurs fois mon code PIN puis mon mot de passe, et en secret parce que le monde autour de nous est hanté d’esprits cupides, sournois et malveillants, ah oui !, ou lubriques et vicieux.

Des signes et des codes, c’est vieux comme l’humanité ! et leur usage d’alors était comme aujourd’hui pour communiquer, surtout dans les domaines comptable et militaire. Mais aussi religieux, parce que la conscience et les mystères du monde, du temps, de l’existence, de la vie et de la mort font partie de l’humanité depuis qu’elle existe.

Donc rien de vraiment nouveau, alors faut-il et peut-on sérieusement vouloir chasser tous ces signes et codes de notre vie quotidienne ? Non bien sûr et c’est très bien qu’ils soient de plus en plus accessibles au plus grand nombre.

Mais, comme hier devant la télé, qu’est ce que c’est bon de pouvoir faire un break de déconnecter un peu, de regarder autre chose qu’un écran, de prendre un bouquin ou simplement l’air et regarder dehors, les gens la nature, la vie !

Et puis de choisir. Choisir ce à quoi on se connecte et choisir les moyens qui nous respectent et garantissent notre liberté et notre vie privée. Vive le Libre !

« La plus secrète mémoire des hommes »

La plus secrète mémoire des hommes

Je l’avais en mémoire quelque part; c’était le Goncourt de … je ne sais plus, enfin si maintenant puisque je l’ai sous les yeux, de 2021 donc. Dans ce que j’ai retenu le jury s’était auparavant vu critiqué quelque chose comme son ethnocentrisme en négligeant trop les œuvres pas assez hexagonales.

Mohamed Mbougar Sarr, l’auteur de ce roman, est originaire du Sénégal et a donc reçu le prix Goncourt en 2021, l’année de ces 31 ans. C’est un magnifique écrivain.

L'auteur sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, photographié à la RAW Material Company à Dakar lors des Ateliers de la Pensée 2019.

Mohamed

Mbougar

Sarr

Avec une langue et une écriture d’une grande finesse, subtile, riche, raffinée nous sommes transportés dans l’espace (l’Afrique et le Sénégal, Paris, Amsterdam, l’Amérique du Sud) et dans le temps à travers le 20ième siècle (la première guerre mondiale, la seconde, les années d’avant et d’après guerre et encore d’autres) dans les méandres d’une quête d’un écrivain imaginaire, Diégane Latyr Faye, sur les pas et la destinée d’un auteur tout aussi mythique T.C. Elimane, de son vrais nom Elimane Madag, que nous ne connaitrons pas, après avoir découvert son unique roman « Le labyrinthe de l’inhumain » que nous ne lirons jamais.

T.C. Elimane est le fils de Mossane devenue la folle sous le manguier du cimetière et de Assane Koumakh, parti au champs d’honneur quelque part dans les Ardennes ou en Artois et n’en est jamais revenu, ou peut-être bien de son frère cadet Ousseynou Koumakh qui lui est resté au pays, d’abord comme pécheur puis, devenu aveugle, comme guérisseur et voyant.

Ce livre nous parle d’une autre quête, celle mystérieuse et silencieuse d’un TC Elimane, distant et présent, prisonnier de drames juste esquissés, écrivain très tôt incompris. Nous le suivons et le découvrons à travers les témoignages des personnages qu’il a fréquentés au cours de ces années, comme ses éditeurs Thérèse Jacob et Charles Ellenstein ou des écrivains, africains comme lui, Musimbwa, Béatrice Nanga, et d’autres comme Sabato et Gombrowicz.

Cette quête l’occupera des décennies et l’amènera très loin de chez lui et assèchera ses talents d’écrivain puisqu’il ne réussira pas à écrire son deuxième livre, c’est le regret amer de sa vie. Elle le ramènera finalement en Afrique dans son village où, loin des livres, il exercera comme son « père » ses talents de guérisseurs et de voyant et trouvera ainsi une paix relative parmi les siens.

Nina Bouraoui – Grand Seigneur

« Mon père est entré en soins palliatifs à la maison médicale Jeanne-Garnier le 28 mai 2022 ».

Ainsi débute ce livre qui raconte comment son auteur a vécu intimement les dernières semaines puis les derniers jours de la maladie de son père jusqu’à son décès et comment elle « commence non à accepter, mais à m’imprégner de l’idée de sa disparition ».

Et l’auteur plonge dans ses souvenirs et nous raconte sa vie et celle de son père, ancien haut diplomate algérien entré en disgrâce parce que marié avec une française non musulmane. Elle nous raconte son père vu de ses yeux d’enfant là-bas dans son Algérie natale, puis plus tard après leur départ contraint, au début des années 80, vers la France vers Vannes, puis Rennes, puis Paris.

Dans les derniers jours, Nina Bouraoui se livre à son père et à nous, lecteurs, et nous offre ses confessions:

Et puis c’est la fin.

Que dire ? Ce livre est empreint de sincérité, de sensibilité, de pudeur, de vérité, de dignité. Il fait un bien fou à lire. Il fait un bien fou à nous démontrer combien notre pays, son histoire, sa culture, sa langue sont redevables et riches de toutes ses personnes venues d’ailleurs, trop souvent en fuite devant la tyrannie, la violence ou la faim et qui nous apportent toute leur intelligence et toute leur sensibilité.

Danser avec les ombres de Laurent Gaudé

Ce livre est une ode à Haïti, à son peuple, à sa culture, à sa richesse, à ses croyances, à sa sagesse et à son opiniâtreté, à soif de liberté et de justice. Ce livre est aussi une réflexion sur la mort, sur le deuil, sur la mémoire.

Tout autour c’est Haïti, Port aux Prince, ses dictateurs, ses tontons macoutes, ses rares très rares riches, ses pauvres, sa jeunesse, ses écrivains, ses penseurs, ses antifascistes de toujours, la violence, la vengeance, la joie de vivre, l’amour, le plaisir, la luxure, l’ironie, le vaudou, Baron Samedi, Goudou Goudou et les autres.

Ensuite il y a Saul, Emeline, Justine, Lucine, Nine, Ti Sourire, Ti Poulette, Lagrace, toute la jeunesse d’Haïti qui a soif de vérité, de culture et d’indépendance et qui vibre et sait se révolter.

Il y a les Kénol, la veuve Viviane, riche, très riche, dominatrice, autoritaire et sèche, et sa fille Lily, gravement malade, incurable, condamnée, Lily qui n’en peut plus de son lit d’hôpital, de son isolement et qui a soif de son pays, d’Haïti, de la vie vrais, du peuple qui souffre et rit.

Il y a le Vieux Tess et tous les habitués de Fessou, Jasmin, Domitien Lagloire, Firmin, le facteur Sénèque et tous les autres, tous aimant jouir de la vie, la liberté, l’amour, le peuple, la démocratie, le partage.

Et puis il y a aussi le sinistre Firmin, dit Matrak, damné, vieux tortionnaire à la solde des Duvalier et Aristide.

Et puis survient la Catastrophe, le tremblement de terre. La ville est détruite et les morts sont partout. Et les vivants se recherchent éperdument. La terre se fissure la confusion est totale et atteint les âmes des vivants. Les vivants croient retrouver leurs chers disparus et les morts sont heureux de rejoindre les vivants.

Mais Dame Petite, elle si effacée et silencieuse, se lève et avec le Vieux Tess entame la danse des ombres pour que les vivants sèment les morts, pour que les morts retournent dans la terre qui en se refermant sur eux laissera les vivants poursuivre leur vie et vivre leur deuil.

Frakas de Thomas Cantaloube

Vous vous situez dans les toutes premières années 60. C’est les début du Gaullisme triomphant, la fin de la décolonisation et le début de la « FranceAfrique ». Vous prenez l’assassinat, véridique, d’un opposant africain dirigeant de l’UPC (Union des Populations du Cameroun), Félix Mounier, assassinat grossièrement piloté par le SDCE.

Vous prenez un journaliste, Luc Blanchart, issu des milieux policiers et qui a donc des « relations », à qui son rédacteur en chef plein de pugnacité, René, demande de faire une enquête sur cet assassinat.

En parallèle vous ajoutez un corse exilé à Marseille plongé de façon un peu bancale dans le « milieu », pas trafiquant, plutôt passeur et intermédiaire entre les « familles », Antoine Lucchesi, avec un bon fond et des responsabilités respectables, aimant sa femme Maria qui tient un restaurant , et s’occupant des enfants même s’il n’était pas leur père.

Et puis les choses s’enclenchent, ou se gâtent comme on veut.

Pour Luc, le journaliste, c’est simple: il sème beaucoup trop le trouble dans la mare aux caïmans en posant beaucoup trop de questions trop vite, et il échappe de justesse à un passage à tabac. Par ses anciennes relations, il remonte jusqu’à un des deux agresseurs un certain Grenier, agent des « services », justement en partance pour le Cameroun et auquel il emboîte le pas, ou plutôt l’avion.

Pour Antoine, c’est vraiment la faute à pas de chance. Le cuisinier du restaurant, Alphonse, a du rentré au pays pour revoir un vieux parent très malade et il a emporté sans le savoir (il est dans la doublure d’une valise que Maria a prêtée au cuisinier) un livre de comptes avec tous les arrangements entres les « familles » qui sont tout de suite très, très énervées. Et il n’a pas le choix: soit il le ramène sous un mois soit toute sa fratrie est ziguouillée. Il s’envole aussi sec vers le Cameroun.

Et Luc et Antoine se retrouvent au même hôtel restaurant, « Au relais des Chasses » tenu par la jolie Lucille, haut lieu de Yaoundé réservé aux « blancs », dont les militaires français, toujours très présents. Et là surgit dans l’histoire un militaire, Sirius Wolkstrom, grande gueule, plutôt pas sensible quoique, très allumé, il s’occupe d’explosifs, et surtout électron libre, très libre.

Et puis l’histoire avance, Antoine part à la recherche du cuisinier Alphonse. Bon au passage il pique une jeep en abandonnant en rase campagne son propriétaire qui malheureusement y trépasse. Antoine réussit quand même à retrouver Alphonse et à récupère son livre de comptes, de justesse avant que les forces de sécurité embarquent Alphonse soupçonné à raison d’être un membre de l’UPC, en abattant au passage son vieux parent. Antoine est corse, il a le sens de l’honneur et se refuse à abandonner Alphonse. Mais il est grillé parce que dénoncé pour son larcin et surtout pour la mort du propriétaire de la jeep. Lucille croit sa version des évènements et lui fournit une « planque » en attendant qu’il puisse dégager du pays.

Pour le journaliste, Luc, son enquête a bien avancé mais les choses tournent aussi forcément mal. Il est reconnu par Grenier et « on » lui demande de déguerpir. Comme il se fait prier, qu’à cela ne tienne, il se fait tirer dessus. Il doit prendre la tangente fissa, non sans amener Lucille qui s’est faite déposséder du « Au relais des Chasses ».

Maintenant, c’est le grand jeu final et c’est Wolkstrom qui le mène. Il trouve où est détenu Alphonse, réussit à piquer à l’armée française un hélicoptère avec son pilote, et parvient au culot à libérer Alphonse. Et c’est la fuite vers le sud et vers le Gabon en hélicoptère qui tombe en panne sèche. Ils sont alors rattrapés par les nervis français méchamment agressifs. Mais Alphonse a pu prévenir ses potes de l’UPC qui ont des arguments pour les calmer et permettent aux fugitifs de passer la frontière.

Enfin voici l’épilogue, Antoine a pu revenir avec le livre de comptes et reprendre sa vie avec Maria et les enfants. Alphonse retrouve sa place au restaurant. Luc ramène pour rien un article explosif à son rédacteur en chef qui a perdu entre temps de sa superbe. Mais il est revenu avec Lucille qui apprécie vite la vie parisienne. Woklstrom, sans attache particulière en France, préfère finalement l’Afrique où il se sent encore le mieux.

C’est la fin aussi pour Célestin chauffeur de taxi camerounais avec son antique 2Cv, qui va accompagner Antoine pendant tout le roman et l’aider dans ses recherches. Célestin, c’est la finesse, la discrétion, la gentillesse, l’intelligence et le courage. Il est malheureusement tué par les nervis avant leur libération.

Signez-la !

Radio France veut supprimer à la rentrée prochaine l’émission quotidienne de Charline Vanhoenacker « C’est encore nous ».

Une pétition a été lancée le 10 mai dernier pour demander le maintien de cette émission quotidienne.


Si vous aimez l’humour même vache, la liberté d’expression pas seulement en Chine ou en Russie, ainsi que la culture dans sa grande diversité, n’hésitez pas à signer et diffuser autour de vous cette pétition !

Voici le lien pour signer cette pétition : https://www.change.org/p/sauvons-c-est-encore-nous-sur-france-inter

Vous pouvez également manifester votre mécontentement directement sur le site de Radio France.