Paroles et Ecrits d’Ananda Devi.

Alain Bauer

Je présente deux extraits de l’émission « La Grande Librairie » ( magnifiquement présentée par Augustin Trapenard) du mercredi 26 mars 2025 dans lesquels vous allez pouvoir écouter des paroles et des écrits, dont le contenu est très actuel, de l’écrivaine et poète Ananda Devi; je ne la connaissais pas et que l’ai donc découverte en regardant cette émission.

Voici donc un premier extrait dans lequel elle nous parle avec beaucoup de retenue de délicatesse et de pondération de la fragilité du langage et des mots que les discours actuels dénaturent, détournent, avilissent et transforment « en murs de mensonges ».



Le texte « les mots peuvent mourir de mort lente » est lu magnifiquement par Ariane Ascaride.


Dans le second extrait, Ananda Devi nous dit la nécessité, aussi indispensable et vitale que l’air et l’eau purs, des arts de la musique de la littérature et de la poésie pour résister aux tristement actuels discours vindicatifs et aux bras tendus stupides, emplis de haine débridée et effrayants.



Nina Bouraoui – Grand Seigneur

« Mon père est entré en soins palliatifs à la maison médicale Jeanne-Garnier le 28 mai 2022 ».

Ainsi débute ce livre qui raconte comment son auteur a vécu intimement les dernières semaines puis les derniers jours de la maladie de son père jusqu’à son décès et comment elle « commence non à accepter, mais à m’imprégner de l’idée de sa disparition ».

Et l’auteur plonge dans ses souvenirs et nous raconte sa vie et celle de son père, ancien haut diplomate algérien entré en disgrâce parce que marié avec une française non musulmane. Elle nous raconte son père vu de ses yeux d’enfant là-bas dans son Algérie natale, puis plus tard après leur départ contraint, au début des années 80, vers la France vers Vannes, puis Rennes, puis Paris.

Dans les derniers jours, Nina Bouraoui se livre à son père et à nous, lecteurs, et nous offre ses confessions:

Et puis c’est la fin.

Que dire ? Ce livre est empreint de sincérité, de sensibilité, de pudeur, de vérité, de dignité. Il fait un bien fou à lire. Il fait un bien fou à nous démontrer combien notre pays, son histoire, sa culture, sa langue sont redevables et riches de toutes ses personnes venues d’ailleurs, trop souvent en fuite devant la tyrannie, la violence ou la faim et qui nous apportent toute leur intelligence et toute leur sensibilité.

« Ecoutez nos défaites » de Laurent Gaudé*

Toute victoire n’est qu’illusion ou aveuglement, seule la défaite est vrais parce qu’inéluctable.

Alors, écoutez nos défaites, écoutez les biens !

Et ainsi se termine ce roman:

…, écoutez nos défaites, nous n’étions que des hommes, il ne saurait y avoir de victoire, le désir, juste, jusqu’à l’engloutissement, le désir et la douceur du vent chaud sur la peau.

Et l’auteur emmène le lecteur en différents lieux et en différentes époques dans les pas de celles et ceux qui rejouent toujours la même illusoire et vaine course éperdue vers la victoire éclatante, définitive et totale, et finalement au bout du compte toujours le même constat de déception et de défaite, puisque au bout toujours il y aura la déchéance physique la mort. A moins que…

A moins que par leur renoncement ne s’ouvre leur cœur et leurs yeux, et alors l’accès à leur vérité propre, profonde et donc aussi immuable qu’humaine, et avec, à leur paix intérieure et à leur volonté finalement intacte.

Et nous voici au temps des guerres punique entre Carthagène et Rome avec Hannibal qui défie et fait trembler Rome par sa volonté et son génie, un temps seulement.

… Il repense à sa vie – long galop^guerrier sur une terre en feu -, il repense à la victoire qu’il emmène avec lui, malgré la mort, celle d’être devenu un nom, insaisissable à ses ennemis, « Hannibal », et il sourit.

Et l’auteur nous emmène aussi en Syrie dans les pas d’une archéologue qui lutte contre deux cancers même temps, dans son corps et dans ce pays au moment où Daech déferle et s’évertue à vouloir détruire toutes traces de civilisations et d’histoire pour sauver de néant ces traces du passé.

…, mais il n’y a pas de défaite possible. car cela voudrait dire accepter de n’être plus ce que nous sommes, cela voudrait dire désapprendre à vivre. … D’Alexandrie à Bagdad. De Tunis à Palmyre, elle va poursuivre jusqu’à l’épuisement mais qu’importe puisqu’il ne peut y avoir de défaite.

Il nous amène dans l’Éthiopie dans les années 30 où Mussolini écrase par la terreur tout un peuple, puis à Genève en 1936 où dans un sursaut d’orgueil le roi des rois dénonce les crimes commis par les fasciste italiens et la lâcheté de l’Europe et de la SDN, avant de revenir sans légitimité à la fin de la guerre dans les pas du colonisateur anglais pour sombrer

Il sent que dorénavant le pays le regarde avec haine, lui et ses vingt sept Rolls Royce, lui et sa cour d’hommes inutiles, lui et ses richesses dans un pays qui meurt la bouche ouverte.

Et c’est la même chose, il y a quelques années dans les arcanes des services secrets français ou américains, à Abbottabad au Pakistan, à Tripoli, à Beyrouth et Addis-Abeba ou pendant la guerre de sécession aux États-Unis.

Tout ce qui se dépose en nous, année après année, sans que l’on s’en aperçoive: des visages qu’on pensait oubliés, des sensations, des idées que l’on était sur d’avoir fixées durablement, puis qui disparaissent, reviennent, disparaissent à nouveau, signe qu’au-delà de la conscience quelque chose vit en nous qui nous échappe mais nous transforme, tout ce qui bouge là, avance obscurement, année après année, souterrainement, jusqu’à remonter un jour et nous saisir d’effroi presque, parce qu’il devient évident que le temps à passer

Il y en 40 ans, Reiser …

C’était un 5 novembre et c’était en 1983, Jean-Marc Reiser s’en est allé faire un tour dans l’au delà avec un détour par le cimetière pour retrouver ses nombreuses copines et copains.

Reiser on l’aimait tellement, tellement il nous a fait rire et tellement il avait du génie. Il disait et dessinait merveilleusement l’absurdité de la société, nos insolences et nos désarrois, et notre jeunesse dont il avait l’art d’en exorciser les tabous et d’en arrêter la fuite pour quelques éclats de rire.

Jamais on en a loupé un numéro de toute la bande de Charlie, lui bien sûr mais aussi Cavanna, Cabu, Wolinski et bien d’autres !

Et voici quelques unes, toujours d’actualité semble-t-il !

Bon, là merci de faire un petit effort et de remplacer « coupe du monde » par « jeux olympiques ».

Tiens ! ça n’a pas changé !

Et puis Reiser, c’était aussi la fidélité à l’engagement.

Reiser, l’homme qui aimait follement les femmes !

et les bêtes aussi !

EUTOPIA, un roman de Camille Leboulanger

Imaginez ! Imaginez notre monde, notre humanité devenue au cours des siècles à venir différents.

Imaginez le et imaginez la, ayant su échapper à la vénalité, au lucre, à la rapacité, en résumé ayant réussi à s’abstraire de toute recherche d’appropriation et de propriété et ayant su avec modestie et retenue reprendre sa juste place au cœur du vivant.

Le pivot Historique, c’est la Déclaration d’Antonia élaborée à la fin de « l’ère de camps » pour mettre fin à cette sombre période où des hommes enferment d’autres hommes dans des camps pour les détruire ou au moins pour les empêcher d’aller où ils veulent, ailleurs sur la Terre.

Cette Déclaration vaut le détour et en voici le préambule qui la résume bien:

Le livre de Camille Boulanger se situe dans le monde d’après, bien après son avènement avec la Déclaration d’Antonia. Le fil du récit c’est Umo une personne d’alors que nous accompagnons tout au cours de sa vie, depuis son enfance à Pélagoya jusqu’à sa vieillesse à Opéra.

Nous le suivons dans ce monde où le propriété, la famille, le salariat sont abolis et dans ses rencontres, dans ses amitiés et dans ses amours, dans les métiers et les activités qu’il est amené à pratiquer et dans les lieux successifs où il habite.

Aster, Héléna , Merlin, Ulf, Livia, Budur, Gob bien sûr, Silje, Pontus, Ingrid et d’autres encore accompagnent Umo sa vie durant et lui accordent attention bienveillance et amour.

L’altruisme est devenu le maître mot de ce monde, le travail est vécu comme un amour, un partage avec les autres, jamais comme une nécessité, comme un moyen de s’enrichir ou comme une compétition.

Le vie d’alors est aussi faite de bons et de mauvais moments, de conflits et de crises, de bonheurs et de malheurs, d’efforts également et de réconforts toujours.

Camille LEBOULANGER est un jeune auteur qui apporte son imagination, son optimisme et sa confiance à un moment où notre monde en a plus que besoin.

Son roman EUTOPIA a été publié fin 2022.

N’hésitez pas à vous plonger dans ce roman fleuve, vous ne vous y ennuierez pas et vous regretterez toutes ces personnes qui vous y croiserez quand vous aurez fini de le lire. A mettre entre toutes les mains !

Vibrations

Alors que contrairement aux prévisions électorales, des vibrations légèrement positives nous parviennent des USA laissant espérer la continuité d’un comportement et de choix moins aberrants pour ce pays, d’autres types de vibrations sont venues caressées mes oreilles par la magie musicale sortie de mes enceintes acoustiques branchées sur une de mes émissions radio préférées et sur les choix avisés de Djubaka.

Robert Finley

C’est une voix et une musique à tomber en transe, en extase, …en vibrations. L’auteur en est Robert Finley, un américain du Sud profond, de la Louisiane. On pourrait se croire un jour dans les années folles de la musique, mais non c’est aujourdhui

Ecoutez ! écoutez et pâmez vous !

Bonjour Mr REZA.

Reza Deghati par Claude Truong-Ngoc avril 2022

Pour la seconde fois Reza nous fait l’immense plaisir d’être présent à Strasbourg pour le 3ième Salon de Photographie de Strasbourg et à cette occasion nous a offert une conférence à laquelle j’ai eu la chance de pouvoir participer comme auditeur.

Sans artifice et sans projecteur, Reza nous a parlé une heure durant de ses photos, de sa démarche, de son parcours, de son éthique. L’écouter à été pour moi un moment exceptionnellement intense par les valeurs d’équité, de justice, d’humanité et d’universalité portées par cet homme. Une parole qui fait un bien fou et qui contraste avec une actualité et des discours souvent très sombres et très fermés.

Reza Humanist Photographer.
Reza Humanist Photographer.

Voici son site internet sur lequel vous pourrez retrouver ses plus célèbres photographies qui ont fait le tour du monde : http://reza.photo

Et si l’occasion pour vous se présente, courrez voir ses images et l’écouter !

« La ballade de Mauthausen »

poème de Ιάκωβος Καμπανέλλης (Iákovos Kambanéllis)

musique de Μίκης Θεοδωράκης (Mikis Théodorakis)

Τι ωραία που είν’ η αγάπη μου με το καθημερνό της φόρεμα κι ένα χτενάκι στα μαλλιά.

Comme elle est belle ma bien aimée Dans sa robe de tous les jours Avec son peigne dans les cheveux.

Κανείς δεν ήξερε πως είναι τόσο ωραία

ersonne ne savait combien elle était belle.

Κοπέλες του Άουσβιτς, του Νταχάου κοπέλες, Mην είδατε την αγάπη μου;

Filles d’Auschwitz, Filles de Dachau, N’auriez-vous pas vu ma bien aimée ?

 Την είδαμε σε μακρινό ταξίδι, δεν είχε πιά το φόρεμά της ούτε χτενάκι στα μαλλιά.

Nous l’avons vue durant un long voyage Elle ne portait plus de robe ni de peigne dans les cheveux.

Τι ωραία που είν’ η αγάπη μου, η χαϊδεμένη από τη μάνα της και τ’ αδελφού της τα φιλιά. 

Comme elle est belle ma bien aimée, choyée par sa mère aimante et embrassée par son frère. 

Κανείς δεν ήξερε πως είναι τόσο ωραία

Personne ne savait combien elle était belle.

Την είδαμε στην παγερή πλατεία μ’ ένα αριθμό στο άσπρο της το χέρι, με κίτρινο άστρο στην καρδιά.

Filles de Mauthausen, Filles de Belsen, N’auriez-vous pas vu ma bien aimée ?

Τι ωραία που είν’ η αγάπη μου, η χαϊδεμένη από τη μάνα της και τ’ αδελφού της τα φιλιά

Nous l’avons vue glacée dans la cour avec un numéro sur son bras pâle une étoile jaune sur le cœur. 

Τι ωραία που είν’ η αγάπη μου, η χαϊδεμένη από τη μάνα της και τ’ αδελφού της τα φιλιά

Comme elle est belle ma bien aimée, choyée par sa mère aimante et embrassée par de son frère. 

Κανείς δεν ήξερε πως είναι τόσο ωραία

Personne ne savait combien elle était belle.

Les veilleurs de Sangomar

Fatou Diome

Il s’agit du titre du dernier roman de Fatou Diome qu’elle a puisé dans ses origines profondes qui se situent là-bas au Sénégal dans le delta du fleuve Saloum. Sangomar, c’est une île magique où selon la tradition sérère niominka réside le dieu Rog Sene et l’esprit des ancêtres le Pangool.

En 2002, un terrible naufrage d’un ferry, le Joola, a provoqué la mort de plus de 2000 passagers non loin de cette île. Coumba est un jeune veuve qui a perdu son mari dans ce naufrage. Le roman raconte le deuil de cette femme et comment elle réussit à surmonter sa détresse et les préjugés qui l’entourent en puisant dans le souffle des traditions ancestrales de son peuple et grâce au soutien de sa mère Yaliâm et à la présence de sa petite fille Fadikiine.

Fatou Diome

L’écriture de Fatou Diome est magnifique, riche, fluide et limpide. Ce roman offre un bain dans cette culture sérère méconnue et riche d’une histoire qui remonte au temps de l’édification des pyramides de l’Égypte ancienne.