"Les pas perdus"

Cette pièce de théâtre se joue actuellement au Cube Noir (dans l’enceinte du CREPS à Koenigsoffen).
C’est une pièce très originale tant par sa conception que par la mise en scène ou le jeu des acteurs, un moment de théâtre savoureux dont on se régale !

Des gens pressés ou paumés, des histoires qui commencent, se construisent, finissent, des paroles échangées sans réfléchir, ou au contraire d’une profondeur insoupçonnée, des peurs, des joies, des peines, des surprises, des questions, des confidences, des adieux, des baisers, des promesses : on rencontre tout ceci dans une gare, qu’on en soit usager ou employé. Dans ce lieu anonyme et utilitaire, chacun peut laisser une empreinte, goutte d’eau dans l’Histoire de l’humanité.
Des destins se croisent, s’évitent, se rencontrent, s’épousent, s’ignorent.Peut-être le bonheur n’est-il que dans les gares écrivait Georges Perec ; parmi la foule protéiforme qui s’y presse, sans doute peut-on en voir certaines de ses manifestations, et plus largement, tous les sentiments qui sont l’essence de la vie.

Courrez y vous ne serez pas déçu ! c’est jusqu’au 11 octobre et ce n’est pas trop cher !

Le poête a toujours raison…

 

Les enfants des trente glorieuses ont tous un bout de Ferrat dans le cœur.

Ainsi s’est exprimé Daniel, Daniel Mermet pour accompagner une dernière fois son ami Jean. Jean Ferrat est dans l’égal des meilleurs de cette génération de chanteurs, de Brel à Barbara ou à Brassens, de Ferret à Bécaud et d’autres bien sûr.

Son histoire je l’ai découverte avec les années et son père assassiné, déporté par les nazis parce que juif, son espérance jamais trahie ni abandonnée en un monde plus juste et plus humain et son amour immense pour les siens, pour nous tous, pour sa France.

 

Nul ne guérit de son enfance
Sans que je puisse m’en défaire
Le temps met ses jambes à mon cou
Le temps qui part en marche arrière
Me fait sauter sur ses genoux
Mes parents l’été les vacances
Mes frères et sœurs faisant les fous
J’ai dans la bouche l’innocence
Des confitures du mois d’août

Nul ne guérit de son enfance

Les napperons et les ombrelles
Qu’on ouvrait à l’heure du thé
Pour rafraîchir les demoiselles
Roses dans leurs robes d’été
Et moi le nez dans leurs dentelles
Je respirais à contre-jour
Dans le parfum des mirabelles
L’odeur troublante de l’amour

Nul ne guérit de son enfance

Le vent violent de l’histoire
Allait disperser à vau-l’eau
Notre jeunesse dérisoire
Changer nos rires en sanglots
Amour orange amour amer
L’image d’un père évanouie
Qui disparut avec la guerre
Renaît d’une force inouïe

Nul ne guérit de son enfance

Celui qui vient à disparaître
Pourquoi l’a-t-on quitté des yeux
On fait un signe à la fenêtre
Sans savoir que c’est un adieu
Chacun de nous a son histoire
Et dans notre cœur à l’affût
Le va-et-vient de la mémoire
Ouvre et déchire ce qu’il fût

Nul ne guérit de son enfance
Belle cruelle et tendre enfance
Aujourd’hui c’est à tes genoux
Que j’en retrouve l’innocence
Au fil du temps qui se dénoue
Ouvre tes bras ouvre ton âme
Que j’en savoure en toi le goût
Mon amour frais mon amour femme
Le bonheur d’être et le temps doux

Pour me guérir de mon enfance

Dostoïevsky.

Voici un court extrait de la magnifique et longue série (presque huit heures) retraçant la vie tourmentée et aventureuse de l’écrivain russe Dostoïevski qui après avoir échappé de justesse au peloton d’exécution tsariste a été déporté au bagne en Sibérie pendant cinq ans. Il est revenu de cet univers impitoyable et écrasant avec un amour du peuple russe et des convictions très fortes. En proie au démon du jeu, il reste très longtemps couvert de dettes et ne doit son salut qu’à son talent d’écrivain.

« … et je compris l’architecture des Cieux et le vol des anges au dessus des monts, et la voie des essaims d’animaux marins sous les ondes, et le travail souterrain de la plante qui germe. Et l’ange, se penchant vers ma bouche, m’arracha ma langue pécheresse, la diseuse de frivolités et de mensonges… »

Méprisé par l’aristocratie russe (bagnard un jour, bagnard toujours), et décrié par les avant gardes intellectuelles russes (il est devenu paradoxalement tsariste), il est un personnage attachant et profondément humain. Et un des grands écrivains russes.

Des photos du carnaval de Bâle 2015.

Nous avons eu la possibilité de nous retrouver un petit groupe de photographes du club pour nous rendre en train ce mardi au carnaval de Bâle…

…pour un bain de grande affluence, de bonne humeur, de couleurs, de bruits et de confettis.


C’était le jour du carnaval des enfants et ceux ci étaient bien représentés:

Le Quatrième Mur.

 « Le Quatrième Mur » c’est le roman d’un théâtre rêvé, impossible, un livre de Sorj Chalandon, journaliste (actuellement au canard Enchaîné) et écrivain de renom. nLe quatrième mur, en langage théâtral, c’est le devant de la scène, entre spectateurs et acteurs, entre histoires réelle et fictive. Mur qu’aucun acteur ne peut impunément franchir.
Le théâtre du livre, c’est le Liban explosé, brisé, des années 80, celui où, au milieu des ruines communes, toutes les communautés s’affrontent s’assassinent, en carnages et mutilations, et subissent, impuissants, l’ironie, la violence et la loi de leurs voisins plus armés et plus forts , de leurs chasseurs bombardiers et de leurs chars d’assaut.
Le rêve, c’est celui de Sam, un enfant presque grec, juif, fils de la Shoa, dont la famille a été exterminée à Birkenau sous la pensée méthodique d’un criminel nazi, Alois Brunner.nMême adulte, même proche de la mort (il va mourir d’un cancer), il rêve encore. Il rêve de paix, pour lui, pour sa famille défunte, pour le monde, pour le Liban.
Son rêve, c’est de faire lâcher leurs armes à toutes les communautés libanaises qui s’affrontent, pour les réunir sur une scène dans un théâtre de ruines, pour les faire jouer une autre histoire désespérée, une autre vie.
Lorsque le rêve semble à portée de mains, depuis la scène du Théâtre, une main humaine est tendue vers les lambeaux du Liban déchiré, à travers le quatrième mur. Cette main est brutalement happée dans un paroxysme de violences de l’Histoire qui brise net et le Théâtre et les rêves de paix.
Et il ne reste plus qu’un air de musique lancinante et les cris de douleur et de souvenir, et peut être d’espoir,

ce sale espoir qui gâchait tout.

Winter’s Child – Camille

Oh what a funny feeling for a child Born in the middle of the funny feeling for a child
This is the middle of the night
This is the middle hold on
This is the middle of the night
This is the middle hold onHold on until the moon has gone
Until the mice no longer bite
Until the stars are on the run
Until your heart can breath the light
Until you’re Until you’re Until you’re bornOh what a funny feeling for a child
Born in the middle of the warThis is the middle of the night
This is the middle hold on
This is the middle of the night
This is the middle hold on
La nuit descend
Et tu es né
L’enfant de suie
Au sang mêlé
La guerre a fui
Voici la paix
Gonflé de vie
Le jour t ‘attend
Oh mon Liban
Oh what a funny feeling for a child
Born in the middle of the winter

"Le Sel de la Terre", un film actuellement dans les salles, à voir absolument.

Ce filme est un documentaire signé par Win Wenders et Juliano Robeiro Salgado.
Ce dernier est le fils du très grand photographe brésilien Sébastiao Salgado dont le documentaire nous propose de découvrir et la vie et l’oeuvre, les deux étant bien sûr intimement liés.

Fuyant le Brésil pendant la dictature des années 70, il s’est exilé en France pendant près de 10 ans et c’est ici, après avoir terminé des études d’économie, qu’il devient finalement, soutenu par femme Lélia, photographe.nDans les années 80, lié avec l’ONG Médecins sans Frontière il témoigne de la famine en Éthiopie et au Sahel…

…puis plus tard, dans les années 90, des atrocités commises au Rwanda et en République du Congo. Il en ramène des images d’une réalité inimaginable et insoutenable.
Et les populations d’Afrique ne sont pas les seules a touché ainsi le fond; dans l’Europe des années 90 Sébastiao Salgado photographie les conflits qui déchirent l’ex Yougoslavie et ses photos témoignent de la même sauvagerie et inhumanité.
Profondément humaniste, il écrit : Plus que jamais, je sens que la race humaine est une. Au-delà des différences de couleur, de langue, de culture et de possibilités, les sentiments et les réactions de chacun sont identiques. Les gens fuient les guerres pour échapper à la mort ; ils émigrent pour améliorer leur sort ; ils se forgent de nouvelles existences dans des pays étrangers : ils s’adaptent aux pires situations… .
Bien que simple témoin, il est très affecté par les scènes d’horreurs qu’il a photographiées et Il délaisse la photographie et son statut de photographe social
Rendu – littéralement – malade par le génocide du Rwanda qu’il avait couvert pour Magnum, il avait perdu sa foi en l’humanité et en lui-même. C’est à ce moment de dépression que sa famille lui a suggéré de reprendre la ferme de son père au Brésil. Pris de court, Salgado a hésité, puis accepté dans un réflexe de survie: il s’est soigné lui-même en soignant ce bout de terre que le développement avait ravagé. Il a créé une fondation et y a fait replanter des arbres, par milliers. Je ne sais pas si c’était aussi sponsorisé par Vale, mais toujours est-il qu’il a fait revivre la ferme, y a recréé des équilibres naturels. Dans la vidéo, on voit deux images, la première d’une sorte de cratère nu – le paysage qu’il a trouvé en revenant -, la seconde du même endroit rendu à la végétation..
Ce retour aux sources dans son pays le ramène à la photographie, son regard se tournant à présent vers les beautés de la nature. Après une dizaine d’année de travail, il vient de publier et d’exposer Genesis qui se veut au travers de somptueuses photographies un hymne à la nature et à la Terre.

Si les photos présentées sont très peu contestées, la démarche de ce travail l’est davantage : Mais la question qui se pose est: est-ce que le photographe brésilien le plus connu du moment n’aurait pas vendu son âme au diable? Ce photographe a-t-il encore une crédibilité pour parler des problèmes environnementaux? Lors du vernissage à Lausanne, le public était nombreux et, pour La Nuit des musées, près de 5000 personnes sont venues. Le succès de Salgado devient un phénomène international, mais progressivement une rumeur se lève, le photographe reconnu est soutenu pour ce travail par l’entreprise Vale ou Companhia Vale do Rio Doce, l’un des plus grands opérateurs énergétiques et logistiques du Brésil, cette dernière ayant financé entièrement le projet Genesis. Et cela pose un problème moral et éthique important. Là où le bât blesse, c’est que cette quête photographique à l’échelle de la planète, issue de trente voyages jusqu’aux confins du monde, a été financée exclusivement par un groupe d’extraction minière du Brésil et géant mondial mis en cause dans de nombreuses affaires. De plus, cette entreprise, en raison de son activité souvent douteuse, a reçu le Prix public Eye Awards en 2012 qui est reconnu comme «le Nobel de la honte» pour une entreprise privée. Ce prix désignant Vale comme étant la «pire entreprise de la planète» en raison de sa responsabilité pour des dégâts environnementaux graves.
C’est à chacun de se faire une idée mais, à mon avis, cela n’entache pas la personnalité émouvante de ce photographe et la qualité du filme qui le présente.

Les 50 années du photographe Albert Huber.

Jusqu’au 15 octobre, le photographe Albert Huber expose ses photos dans les rues de Bishheim sous le titre  » Qu’est-ce que l’homme pour que tu te soucies de lui ?  » dans une rétrospective de son oeuvre photographique débutée il y a 50 années.
50 ans, 50 photos réparties sur 5 lieux d’exposition dans la ville de Bishheim, et sur chaque lieu 10 photos grand format réunies par thématique :

  1 Hôtel de ville : Lieux à vivre
  2 Parc Wodli : Vie libre
  3 Église protestante (rue Nationale) : Naître, vivre et mourir
  4 Pont du Canal : Eau & vie
  5 École des Prunelliers : Enfances d’une vie

Mais sur une carte, c’est mieux pour vous y retrouver surtout si, comme moi, vous ne connaissez pas encore Bishheim:

Allez y et vous ne serez pas déçus; les tirages sur aluminium comme les photos sont magnifiques ! Vous y retrouverez toute l’humanité, la noblesse, l’exigence, la bienveillance, la justesse et l’acuité du regard d’Albert Huber.

Maxime Leforestier à Strasbourg

Le concert de Maxime Leforestier au Palais des Congrès jeudi soir a été une pure réussite dans une salle à dimensions humaines (contrairement au Zénith).
 

Nous avons pu entendre et réentendre toute une palette de son répertoire avec plusieurs de ses anciennes chansons toujours pleines de fraîcheur et d’authenticité. Nous avons adoré la reprise en simultanée et en fantastique duo avec son batteur de deux chansons d’amour (« Fontenay-aux-Roses » et « Éducation sentimentale »).
Avec en plus quelques confidences, de l’humour et beaucoup d’humanité, tout cela a bien sûr ravi un public de toute façon déjà conquis.
Du grand Maxime, mais c’est un pléonasme depuis toujours !
 

Concert de l'Orchestre Universitaire de Strasbourg

A l’occasion des fêtes de fin d’année, l’église protestante Saint Pierre le Jeune à Strasbourg a servi de cadre somptueux à ce concert le 17 décembre dernier. Au programme, des musiques de Gustave Mahler et d’Antonin Dvorak.

Les couleurs musicales de l’orchestre s’unissant aux couleurs ambrées du chœur de l’église ont offert aux spectateurs et aux artistes un moment bénit.


Et, bien sûr, si on allie le son et l’image, c’est encore mieux:


D’autres photos sont visibles ici et une troisième vidéo .