Juste pour la joie du photographe et pour le plaisir des yeux…
C’était mardi soir, sous une pluie battante; idéal pour les reflets !
Antonio Gamoneda….
J’ai fait presque toute les librairies de Strasbourg sans avoir pu trouver une seule des publications existantes de ce poète.
Etonnante absence (rejet ?) pour un poète célébré comme une des grandes voix de la poésie espagnole, peut-être à cause de sa poésie pleine de notre inexorable dégradation et de notre inépuisable souffrance. Mais cette poésie dépasse cette exploration désespérée sait offrir des instants sans limites
.
Heureusement la Médiathèque Municipale de Strasbourg permet d’accéder à toutes ses oeuvres.
Froid des Limites.
voici un poème qui peut être dédié à nos insomnies…
C’est bientôt l’aube. Il y a encore de la nuit sur tes plaies.
Voici venir les couteaux du jour. Ne
te mets pas nu dans la lumière, ferme les yeux.
Reste dans ton lit sanglant.
Cet autre poème me fait penser à une peinture: la madone d’Edouard Munch
Les serpents crient dans les cellules de l’air. L’ébriété monte des jambes féminines et toi tu poses tes lèvres sur leurs liquides.
Cueille la fleur de l’agonie. Elle est
encore humide la cendre que tu aimes.
___
Et voici toute la perfection et la pureté des mots simples …
Clarté sans repos
J’ai posé mes mains sur un visage et je les ai retirées blessées d’amour. A présent
l’oubli caresse mes mains.
Une passion froide durcit mes larmes.
Les pierres pèsent sur mes yeux : quelqu’un
me détruit ou m’aime.
Il existait tes mains…
Il s’agit d’un autre poème d’Antonio Gamonéda, plein de lumière…
Il existait tes mains – Antonio Gamoneda
Il existait tes mains.
Un jour le monde devint silencieux ;
les arbres, là-haut, étaient profonds et majestueux,
et nous sentions sous notre peau
le mouvement de la terre.
Tes mains furent douces dans les miennes
et j’ai senti en même temps la gravité et la lumière,
et que tu vivais dans mon cœur.
Tout était vérité sous les arbres,
tout était vérité. Je comprenais
toutes choses comme on comprend
un fruit avec la bouche, une lumière avec les yeux
Antonio Gamoneda.
Ma rencontre avec la poésie d’Antonio Gamoneda est fortuite et foudroyante. J’ai aimé tout de suite son acuité vertigineuse et sombre, sa survivance dans la recherche de la vérité et de l’absolu à travers le mensonge, dans cette promiscuité entre la lumière agonisante et acide et les ténébres de la perfection prétentieuse, dans la charnelle purulence de l’ardente et épaisse trahison, jaune, chaleureuse et réconfortante.
Sa poésie renferme la nausée et la violence de l’Espagne franquiste vécues dans la chair et le sang.
Il dit lui-même que son « profil d’écrivain va être déterminé par un ensemble de composantes historiques et biographiques : pauvreté familiale, rare fréquentation de l’école publique et contemplation innocente de la cruauté et de la misère morale de la guerre civile et de l’après-guerre militarisée
La lumière bout sous les paupières.
D’un rossignol abîmé dans la cendre, de ses noires entrailles, surgit une tempête. Les pleurs descendent dans les anciennes cavités jaunes, je discerne des fouets vivants
et le regard immobile des bêtes, leur aiguille froide dans mon coeur.
Tout est présage. La lumière est la moelle de l’ombre: des insectes vont mourir sur les bougies de l’aube. Ainsi
brûlent en moi les significations.
Il se peut que le silence dure au-delà de lui-même et que l’existence ne soit qu’un cri noir , un hurlement face à l’éternité.
L’erreur pèse sur nos paupières.
Le souffle de la poésie ondule dans la sérénité de nos anciennes douleurs.
Fin d'ère.
D’une certaine manière, on pourrait se croire à la fin de l’empire romain, c’est à dire dans une vulgaire farce de boulevard.
Après la perte de pouvoir du césar il y a six mois, voici qu’aujourd’hui ses héritiers, successeurs et rivaux, toute honte bue, s’écharpent et se déchirent férocement, s’envoient à la figure accusations et menaces.
Et dire que ceux là voulaient continuer à gouverner !
Il y a François, le challenger favoris, ombrageux, sérieux et moral, et Jean François en embuscade, le vrais et fier de l’être, héritier assumé, au sourire caméléon et très publicitaire, à la courtoisie très féline, de façade façon FN.
Légitimement peut-on se demander aujourd’hui: mais, en définitivement quelles sont donc leurs valeurs authentiques ? ou plutôt leur restent ils encore des valeurs à défendre ?
C’est vrais François parle aujourd’hui de crise morale, de crise de confiance, ce qui est quand même mieux que rien, mais n’est ce pas un peu tardif comme déclaration ? Pour lui cette crise qu’il n’invoque qu’aujourd’hui, n’a-t-elle que son échec personnel pour origine ?
Quant à Jean François, avec sa dégaine de droite extrêmement assumée, il défend sans états d’âme, cette fois becs et ongles, sa victoire à la légitimité pourtant très légitimement contestée.
Quand on pense que ces mêmes promettaient sans rire de moraliser la vie politique française. Et dire que ceux là voulaient continuer à nous gouverner.
C’est bien la fin d’un règne.
Que faire du rapport Gallois ?
Le rapport Gallois sera public lundi avec le plein de recettes pour la « compétitivité des entreprises ». En résumer, ne doutons pas que ce sera bien sûr la baisse des coûts du travail qu’ils soient directs (les salaires, le temps de travail) ou indirects (la sécurité sociale, les charges).
Quand même, en guise de réflexion et pour relativiser ce rapport, voici la conclusion d’une étude de Thomas Piketty professeur du Collège de France (pas vraiment un profil ultra gauche…), exposée le 2 mars 2011 sur Croissance économique et répartition des richesses – Le capitalisme du 21e siècle sera-t-il aussi inégalitaire et instable que celui du 19e ?
:
- Le pire n’est jamais certain (là ça ressemble plutôt à de l’humour noir)
- Mais depuis la chute du Mur on a beaucoup sur-estimé les capacités auto-stabilisatrices de l’économie de marché et du capitalisme, et on refuse toujours de voir les signaux d’alerte
- Sans une puissance publique assez forte pour dompter le capitalisme et le mettre au service de la démocratie, on court le risque d’inégalités aussi fortes que celles du 19e siècle et de déflagrations (les guerres mondiales) aussi terribles que celles du 20e siècle
- Une leçon du passé: la capacité des économistes à justifier l’ordre établi ne connaît pas de limites. (tiens ! il connait peut-être Mr Gallois ?)
Dans son étude, le même professeur écrit également:
Le capitalisme est-il auto-équilibré? Existe-t-il des forces limitant les inégalités et ramenant naturellement les sociétés sur des « sentiers de croissance équilibré »
- Non. Les forces déséquilibrantes peuvent facilement l’emporter. Le système de prix ne connaît ni limite ni morale. Sans une vigoureuse reprise en main par le pouvoir politique, le capitalisme met en péril les valeurs méritocratiques qui sont au fondement de nos démocraties modernes.
Et pour la capacité au système capitaliste de s’autoréguler (la fameuse moralisation du capitalisme chère à Sarko), voilà ce qu’écrit encore la même personne:
Principale leçon du 20e siècle: ce sont les guerres qui ont fait table rase du passé, et qui ont donné l’illusion d’un dépassement du capitalism
- Réduction des inégalités 1914-1945: chocs subis par les patrimoine (destructions, inflation, faillites, politiques anti-capital); rien à voir avec un processus naturel auto-équilibrant à la Kuznets
- L’impôt progressif lui-même est davantage le produit des guerres et du chaos que de la démocratie, ce qui explique sa remise en cause depuis 1980.
Voilà, voilà. Ça fait froid dans le dos mais, autrement dit, la devise du futur du capitalisme serait donc: »plus barbare que moi, tu meurs ». Alors, le rapport Gallois, bof.
ps: pour l’étude complète, c’est ici.
B.B.C.
C’est un sigle qui signifie Bâtiment Basse Consommation et qui est bien répandu aujourd’hui. Il s’affiche sur la moindre nouvelle construction en très gros voire en clignotant si c’était possible. Il y a des zones entières BBC qui germent un peu partout à la périphérie des villes.
Quoi de plus normal me direz vous que l’on se préoccupe des économies d’énergie et d’écologie dans le domaine de la construction. Et pas de doute que cela soit, bien même si on peut s’interroger sur la nature des produits pas très naturels utilisés pour l’isolation. Mais bon hein, qui propose mieux en attendant ?n
Non, ce qui me gène vis à vis des promoteurs en marges plutôt rondelettes, enfin tout le laisse supposer (sinon à quoi sert les affaires ?), c’est le bien peu de cas fait du cadre de vie des futurs habitants de ces zones BBC. Et sous ce label un peu vert écolo, on construit n’importe où et n’importe comment et on densifie et on entasse au maximum. Et on peut craindre que se profilent rapidement les futures zones blanches ou rouges ou noires comme on voudra, avec leur contingent de ghettos, de délinquants et de violences.
Ramadan, pain au chocolat et racisme anti blanc….
Monsieur Coppé se présente comme un homme calme, affable, posé, souriant, humain, très humain et pas du tout raciste, il nous l’assure.
Mais voila, c’est un homme politique, et plus en pleine bataille politique, vous comprenez. Alors, évidemment, à la guerre c’est comme à la guerre et on rend coup pour coup, au plutôt coup de plus en plus bas pour coup plus ou moins bas.
Nous voila bien revenus six mois en arrière et, pour drainer les voix des ultra droitiers, on racle les bas fonds troubles, on y met les mains avec jouissance et dégoût mêlés, on gratte et on soulève la lie et la boue des tendances nauséabondes des extrémismes toujours sous jacents.
Quitte à y perdre définitivement son âme, mais par temps de crise, quand on n’a pas de vrais solutions à proposer, jusqu’où n’irait-on pas pour une présidence future ?
1Q84.
Non il ne s’agit pas d’un code secret quelconque, c’est l’énigmatique titre du dernier roman en trois volumes du romancier japonais Harika Murakami.
Si un soir dans un ciel limpide, vous hésitez puis vous vous frottez bien les yeux et vous vous pincez cruellement, et malgré cela, mais oui, vous apercevez bien, à côté de notre bonne vieille lune, une nouvelle lune plus petite de teinte verdâtre, inquiétez vous.
C’est le signe que l’aiguillage a été activé
. Comme pour les personnages de ce roman, votre vie a basculé à votre insu dans l’univers 1Q84 sous l’influence funeste des forces mystérieuses des Little People. Mais il ne faut pas se laisser abuser par les apparences, il n’y a toujours qu’une réalité.
Les Little People sont des êtres invisibles. Nous ne savons pas s’ils sont bons ou mauvais, s’ils possèdent une substance ou non. Pourtant, constamment, ils creusent le sol sous nos pieds.
Les Little People de l’univers 1Q84 sont les héritiers de Big Brother, le leader éclairé et écrasant, mais aujourd’hui trop évident, du roman 1984 de Georges Orwell. Les Little People et l’étrange secte qu’ils inspirent (les Précurseurs) tissent et étendent laborieusement et méthodiquement leur toile invisible. Mais dans cet univers comme dans tout autre, le monde conserve un équilibre subtil et, plus leurs forces se lèvent, plus des forces qui leurs sont opposées apparaissent.
Comme Tengo et Aomamé, vous voilà projetés sans le savoir, au péril de votre vie et de celle de vos proches, dans un affrontement sans merci avec la secte des Précurseurs.
Aomamé, sa bouche fermée suggérait une personnalité qui s’adaptait difficilement. Ses lèvres étroitement closes ne laissaient jamais apparaître le moindre sourire et ses yeux étaient vigilants et froids. Qu’on la remarque et qu’on se souvienne d’elle le moins possible, voilà ce qu’elle avait toujours recherché étant enfant, et c’est ainsi qu’elle avait depuis toujours réussi à se protéger
‘.
Tengo était tout à la fois, peut être judoka de talent, peut-être grand romancier, peut être mathématicien de génie et toujours curieux. Mais il lui manque le désir, il ne voulait pas réussir coûte que coûte et il finissait toujours par être battu. Cela lui importait peu, il souhaitait simplement que les jours s’écoulent sans dérèglement, sans heurt ni incident
.
Tengo et Aomamé sont chacun à leur manière des êtres volontaires, honnêtes, purs et révoltés, solitaires et blessés, habités par le doute ou par la colère. Aveuglément, mus par leur destin et par le souvenir de leur fulgurante et fugitive rencontre étant enfants, ils se rapprochent lentement l’un de l’autre. Mais, pourtant, il est écrit que seul l’un d’eux pourra revenir de l’univers 1Q84 et échapper aux griffes des Little People et des Précurseurs.
photos du concert de solidarité avec l'association Solidarité Entr'aide Madagascar
Ce concert a été donné le 9 septembre dernier par l’Orchestre Métropolitain de Strasbourg (http://www.orchestre-m.com/) à l’Eglise Saint Paul de Strasbourg. Il a permis d’entendre des extrait de « la flute enchantée » de Mozart et de très belles voix de solistes également solidaires.
L’association SEM (http://semada.org/index.php/fr/) : « Créée en 1995 à Bollwiller en Alsace, Solidarité Entraide Madagascar (SEM) est une association à but non lucratif, indépendante de toute appartenance philosophique, politique ou religieuse, dont l’objet est de mettre en œuvre et de promouvoir des actions de développement rural à Madagascar. Centrée à sa création sur l’appui à l’éducation, elle a surtout développé depuis 2005 un important programme d’accès à I’eau potable et à l’assainissement sur la côte Est de la Grande Ile, mettant l’accent sur la formation et le renforcement des capacités locales. »
Sollicités par le chef d’orchestre Gabriel Mattéi qui dirige l’Orchestre M, nous sommes plusieurs photographes du PCCA (http://pcca.fr) à avoir réaliser des photos de ce concert et de la répétition générale qui l’a précédé.
Voici quelques unes des ces photos :