affaire Leonarda

Que vaut-il mieux ? être jeune, beau, lycéen et manifester contre l’expulsion de cette collégienne et pour son retour en France, ou alors être vieux, c.. et être contre son retour en France.
Il parait que deux tiers des Français n’hésitent pas. Monsieur Valls n’avait pas besoin de rentrer en France précipitamment.
On vit une époque formidable…

"On est chez nous !"

« On est chez nous ! », c’est ce qu’ont clamé bien fort et à l’unisson les vainqueurs de l’élection cantonale qui s’est déroulée à Brignoles ce week end, quelque part, en effet, entre Aix en Provence et Toulon. Ceux là l’ont presque chanté tant l’élection du candidat qui selon eux fait enfin vraiment front, leur a fait chaud au cœur.
 
Mais chanter sur ce thème, ils n’étaient pas les premiers. Un artiste prophète (ils le sont tous un peu) les avaient précédé, il y a plus de 40 ans. Les pensées, les mœurs et traditions n’évoluent que très lentement et l’histoire a cette fâcheuse tendance de bégayer. Et ils seraient bien inspirés, ceux là et bien d’autres aussi, de réentendre le poète prophète et de méditer ces paroles.
J’ai nommé Georges Brassens, et sa chanson célèbre « La ballade des gens qui sont nés quelque part » dont je vous propose l’une ou l’autre strophe:
 

C´est vrai qu´ils sont plaisants tous ces petits villages
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
Ils n´ont qu´un seul point faible et c´est être habités
Et c´est être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
ma région d’origine La race des chauvins, des porteurs de cocardes
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

C´est pas un lieu commun celui de leur connaissance
Ils plaignent de tout cœur les petits malchanceux
Les petits maladroits qui n´eurent pas la présence
La présence d´esprit de voir le jour chez eux
Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire
Contre les étrangers tous plus ou moins barbares
Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Mais que cette chanson ne vous empêche pas comme moi d’aimer ce bout de terre où je suis né, comme l’aiment aussi et tout autant ceux qui sont nés ailleurs, même si cet ailleurs ils ont du l’abandonner pour venir vivre ici, loin de la terre où ils sont nés. Mais nous voilà entraînes vers une autre chanson et un autre chanteur…

Polémique et élection municipale.

L’édito de Monsieur le Maire de Lingolsheim (charmante bourgade de la banlieue ouest de Strasbourg) paru dans la dernière revue municipale (« Votre journal ») fleure bon la campagne, municipale bien sûr. Et de se gausser de façon très opportune, des amères hausses d’impôts et autres taxes (pas un jour sans de nouvelles, dit-il) que le facteur nous a délicatement déposées dans la boite aux lettres.
Seulement je n’ai pas le sentiment que, si une autre majorité gouvernait aujourd’hui, les impôts seraient autrement orientés et je trouve que Monsieur le Maire fait ainsi un peu dans la facilité. Et puis quand même la dette que nous remboursons aujourd’hui ne date pas d’hier et sa croissance rapide au cours des dernières années n’est pas étrangère au parti de Monsieur le Maire, comme le montre le graphe ci dessous:


Au delà de toute polémique stérile, il me semble très heureux d’essayer ne pas accroître davantage cette dette et de rechercher les meilleurs moyens de la réduire, et toutes propositions méritent bien entendues d’être entendues et étudiées. Mais il me semble que ceux qui ont par le passé largement contribué à développer cette dette devraient faire preuve aujourd’hui de plus de modestie. Et concernant les propositions d’économie et en particulier dans le domaine des retraites, que n’invoque-t-on pas en premier lieu celles des personnels politiques dont les larges avantages n’évoluent que bien lentement ?
Et puis concernant les origines profondes de l’explosion de la dette des pays européens, je vous propose de méditer à nouveau cette petite mais toujours utile démonstration:

Jusqu'à la lie ?

Coupable !
Mr Cahuzac a donc craqué devant ses juges, ou plutôt devant leurs preuves irréfutables et accablantes, et il rejoint la cohorte des « démissionnés », de Alliot-Marie à Woerth ! Le recrouveur des impôts avait donc frauder… pour échapper à l’impôt, un comble me direz vous !
Mais, pourtant il n’y a pas si longtemps que les medias nous informaient souvent non sans une certaine compréhension, du départ, tiens ! pour échapper à l’impôt, d’Arnaud Lagardère sans parler de nos très chers artistes Gérard ou Johnny pour ne citer qu’eux. Et que dire de Mr Cameron qui invite nos sociétés à rejoindre son royaume, pour échapper à l’impôt ! Nos sociétés ne l’ont d’ailleurs pas attendu pour délocaliser et échapper ainsi aux droits du travail et aux charges sociales en vigueur dans notre pays.
Ces droits et charges sociales, beaucoup de ceux qui hurlent aujourd’hui après Mr Cahuzac les trouvent bien trop contraignants et rêvent de les abolir, quitte à jeter sans vergogne un peu plus dans la misère ceux qu’ils protègent encore un peu.
Ce qui se passe aujourd’hui avec Mr Cahuzac est effectivement très choquant puisque que comme pour tout gouvernant, il était au service des autres et qu’il était censé faire passer l’intérêt commun avant l’intérêt personnel. Et d’autant plus qu’il a fait partie d’un groupe dont la recherche de la justice sociale et de l’équité est un objectif et un idéal primordial.
Mais soyons intellectuellement honnête, l’arbre (Mr Cahuzac) ne fait que cacher la forêt et la maxime très libérale « enrichissez vous ! » ne s’est jamais embarrassée de contraintes morales ! Et on peut quand même s’interroger sur la source des montants qui ont été dissimulés au fisc et généreusement versés sur ce fameux compte; et voilà qu’on parle à nouveau des laboratoires pharmaceutiques (là, on est dans la forêt…). Et parions que ceux qui hurlent les plus fort aujourd’hui vont soudainement devenir beaucoup plus discrets sur ce sujet et vont nous expliquer que la sécurité sociale coûte trop cher, etc, etc …
D’ailleurs les mêmes ne sont-ils pas très souvent les plus grands détracteurs de Médiapart et là ils en sont largement pour leurs frais. Donc, vive la presse impertinente, libre et indépendante de tout intérêt et de toute obédience !

Presse, justice et pouvoir.

La quête impérieuse de la presse est de chercher et de dire haut et fort la vérité, toute le vérité. La vie privée des personnages politiques ne m’intéresse pas, par contre leurs actions en tant que personne publique me concernent. Mediapart, et il ne sont pas les seuls, ne fait rien d’autre que de chercher, d’établir puis de diffuser des informations de ce type que ce soit pour l’aujourd’hui ex ministre du budget, mais aussi pour bien d’autres personnes des gouvernements précédents. S’en prendre à Médiapart aujourd’hui comme hier, c’est s’en prendre à la presse tout entière dans ce qu’elle a de plus authentique et vital pour la démocratie.
Comme la presse, la justice est aussi à la recherche de la vérité. Leur indépendance totale, leur pluralité, leur contradiction sont les seules garanties d’authenticité dans cette recherche.
Ensuite, que Mrs Cahuzac et Sarkozy se défendent, c’est leur droit et c’est très bien. Mais même si on est toujours présumé innocent, s’en prendre à un juge ou à un organe de presse n’a jamais levé un soupçon de culpabilité !

Il restera toujours des femmes…

La loi sur le mariage pour tous a été largement adoptée par l’assemblée nationale.

Mais la loi ne peut pas résoudre pas toutes les situations et, en effet, il restera toujours des femmes, pour regarder les hommes, pour les observer, pour essayer de percevoir derrière leurs carapaces la tendresse qui parfois les habite, pour essayer de percer les défauts qui se cachent parfois sous des dehors affables, et pour discerner dans l’entrelac de leurs talents et de leurs faiblesses si ils sont capables de tracer des chemins sur la mer, comme l’écrivait Antonio Machado. Une fois qu’elles les auront jaugés, les femmes décideront soit de les faire languir, soit de les séduire. Les hommes seront toujours, soit en grâce, soit en péril.

Mme Taubira est une femme de conviction, belle, digne et intelligente qui vient de porter haut les couleurs de progrès social et de république portées par la seule vrais gauche.
Et voici le poème d’Antonio Machado:

« Caminante, no hay camino…  » (Antonio Machado)
Toi qui marches, il n’existe pas de chemin
Tout passe et tout reste,
mais le propre de l’homme est de passer,
passer en faisant des chemins,
des chemins sur la mer.
Je n’ai jamais cherché la gloire,
ni cherché à laisser dans la mémoire
des hommes ma chanson ;
j’aime les mondes subtils,
légers et aimables,
comme des bulles de savon.
J’aime les voir se peindre
de soleil et de rouge, voler
sous le ciel bleu, trembler
soudainement et se rompre…
Je n’ai jamais cherché la gloire.
Toi qui marches, ce sont tes traces
qui font le chemin, rien d’autre ;
toi qui marches, il n’existe pas de chemin,
le chemin se fait en marchant.
En marchant on fait le chemin
et lorsqu’on se retourne
on voit le sentier que jamais
on n’empruntera à nouveau.
Toi qui marches, il n’existe pas de chemin
si ce n’est le sillage dans la mer…
Il fut un temps dans ce lieu
où aujourd’hui les bois s’habillent d’épines
on entendit la voix d’un poète crier
« Toi qui marches, il n’existe pas de chemin,
le chemin se fait en marchant… »
Coup après coup, vers après vers…
Le poète mourut loin de chez lui.
Il est recouvert de la poussière d’un pays voisin.
En s’éloignant on le vit pleurer.
Toi qui marches, il n’existe pas de chemin,
le chemin se fait en marchant…
Coup après coup, vers après vers…
Quand le chardonneret ne peut chanter
Quand le poète est un pèlerin,
quand il ne sert à rien de prier.
« Toi qui marches, il n’existe pas de chemin,
le chemin se fait en marchant… »
Coup après coup, vers après vers.
Antonio Machado

Oni soit qui Mali panse ?

Ainsi notre armée guerroie contre l’oppression des peuples du Mali.
Donc bravo, et il ne fait aucun doute que ceux qui ont été chassés par l’intervention française sont bien des oppresseurs tyranniques.
De fait, ces extrémistes intégristes là sont islamiques, mais ils pourraient tout aussi bien être ailleurs, d’une autre croyance et pour d’autres oppressions (anti mariage pour tous).
Mais de grâce, sachons rester discret et modeste vis à vis de ces peuples et de ce pays, au risque de basculer bien vite dans les travers de notre histoire de puissance coloniale que rappellent fortement les scènes largement diffusées sur nos télévisions.

Fin d'ère.

D’une certaine manière, on pourrait se croire à la fin de l’empire romain, c’est à dire dans une vulgaire farce de boulevard.
Après la perte de pouvoir du césar il y a six mois, voici qu’aujourd’hui ses héritiers, successeurs et rivaux, toute honte bue, s’écharpent et se déchirent férocement, s’envoient à la figure accusations et menaces.
Et dire que ceux là voulaient continuer à gouverner !
Il y a François, le challenger favoris, ombrageux, sérieux et moral, et Jean François en embuscade, le vrais et fier de l’être, héritier assumé, au sourire caméléon et très publicitaire, à la courtoisie très féline, de façade façon FN.
Légitimement peut-on se demander aujourd’hui: mais, en définitivement quelles sont donc leurs valeurs authentiques ? ou plutôt leur restent ils encore des valeurs à défendre ?
C’est vrais François parle aujourd’hui de crise morale, de crise de confiance, ce qui est quand même mieux que rien, mais n’est ce pas un peu tardif comme déclaration ? Pour lui cette crise qu’il n’invoque qu’aujourd’hui, n’a-t-elle que son échec personnel pour origine ?
Quant à Jean François, avec sa dégaine de droite extrêmement assumée, il défend sans états d’âme, cette fois becs et ongles, sa victoire à la légitimité pourtant très légitimement contestée.
Quand on pense que ces mêmes promettaient sans rire de moraliser la vie politique française. Et dire que ceux là voulaient continuer à nous gouverner.
C’est bien la fin d’un règne.

Que faire du rapport Gallois ?

Le rapport Gallois sera public lundi avec le plein de recettes pour la « compétitivité des entreprises ». En résumer, ne doutons pas que ce sera bien sûr la baisse des coûts du travail qu’ils soient directs (les salaires, le temps de travail) ou indirects (la sécurité sociale, les charges).


Quand même, en guise de réflexion et pour relativiser ce rapport, voici la conclusion d’une étude de Thomas Piketty professeur du Collège de France (pas vraiment un profil ultra gauche…), exposée le 2 mars 2011 sur Croissance économique et répartition des richesses – Le capitalisme du 21e siècle sera-t-il aussi inégalitaire et instable que celui du 19e ?:
 

  • Le pire n’est jamais certain (là ça ressemble plutôt à de l’humour noir)
  • Mais depuis la chute du Mur on a beaucoup sur-estimé les capacités auto-stabilisatrices de l’économie de marché et du capitalisme, et on refuse toujours de voir les signaux d’alerte
  • Sans une puissance publique assez forte pour dompter le capitalisme et le mettre au service de la démocratie, on court le risque d’inégalités aussi fortes que celles du 19e siècle et de déflagrations (les guerres mondiales) aussi terribles que celles du 20e siècle
  • Une leçon du passé: la capacité des économistes à justifier l’ordre établi ne connaît pas de limites. (tiens ! il connait peut-être Mr Gallois ?)

Dans son étude, le même professeur écrit également:
Le capitalisme est-il auto-équilibré? Existe-t-il des forces limitant les inégalités et ramenant naturellement les sociétés sur des « sentiers de croissance équilibré »

  • Non. Les forces déséquilibrantes peuvent facilement l’emporter. Le système de prix ne connaît ni limite ni morale. Sans une vigoureuse reprise en main par le pouvoir politique, le capitalisme met en péril les valeurs méritocratiques qui sont au fondement de nos démocraties modernes.

Et pour la capacité au système capitaliste de s’autoréguler (la fameuse moralisation du capitalisme chère à Sarko), voilà ce qu’écrit encore la même personne:
Principale leçon du 20e siècle: ce sont les guerres qui ont fait table rase du passé, et qui ont donné l’illusion d’un dépassement du capitalism

  • Réduction des inégalités 1914-1945: chocs subis par les patrimoine (destructions, inflation, faillites, politiques anti-capital); rien à voir avec un processus naturel auto-équilibrant à la Kuznets
  • L’impôt progressif lui-même est davantage le produit des guerres et du chaos que de la démocratie, ce qui explique sa remise en cause depuis 1980.

Voilà, voilà. Ça fait froid dans le dos mais, autrement dit, la devise du futur du capitalisme serait donc: »plus barbare que moi, tu meurs ». Alors, le rapport Gallois, bof.
ps: pour l’étude complète, c’est ici.