C’est le titre du nouveau film de Kheiron Tabib qui raconte l’histoire réelle d’opposants iraniens pourchassés par les dictatures successives, ultralibérales du shah d’Iran, puis islamiste de l’imam Khomeini.
La première partie du filme montre comment cette famille a du finalement fuir leur pays vers la Turquie à travers les montagnes pour arriver en France qui leur a accordé l’asile politique. La seconde partie du filme raconte leur intégration difficile et réussie dans la société française d’une banlieue parisienne.
L’originalité et la richesse du filme, renforcées par le jeu des acteurs avec en particulier l’auteur du film, Gérard Darmont et la belle Leila Behkti, proviennent du vécu de l’auteur toujours très présent à travers mille détails tellement vrais et aussi du ton léger et souriant adopté malgré la gravité et l’intensité dramatique de certains passages du filme, de l’histoire racontée et des sujets abordés.
Certains critiquent ce ton jugé superficiel, mais comme le dit l’auteur « Donner une information avec humour ne désarme pas le message ». On pourrait ajouter; …et même facilite sa diffusion. Et certains futurs électeurs seraient particulièrement bien inspirer d’aller voir ce filme avant de donner leur bulletin de vote à vraiment n’importe qui.
Quant à ceux qui trouvent l’issue du filme trop idéale et irréaliste, ils doivent pour une fois bien accepter de voir la vie moins en noir puisque dans l’histoire réelle il semble bien que c’est bien ainsi que ça s’est passé !
Étiquette : filmes
"Le Sel de la Terre", un film actuellement dans les salles, à voir absolument.
Ce filme est un documentaire signé par Win Wenders et Juliano Robeiro Salgado.
Ce dernier est le fils du très grand photographe brésilien Sébastiao Salgado dont le documentaire nous propose de découvrir et la vie et l’oeuvre, les deux étant bien sûr intimement liés.
Fuyant le Brésil pendant la dictature des années 70, il s’est exilé en France pendant près de 10 ans et c’est ici, après avoir terminé des études d’économie, qu’il devient finalement, soutenu par femme Lélia, photographe.nDans les années 80, lié avec l’ONG Médecins sans Frontière il témoigne de la famine en Éthiopie et au Sahel…
…puis plus tard, dans les années 90, des atrocités commises au Rwanda et en République du Congo. Il en ramène des images d’une réalité inimaginable et insoutenable.
Et les populations d’Afrique ne sont pas les seules a touché ainsi le fond; dans l’Europe des années 90 Sébastiao Salgado photographie les conflits qui déchirent l’ex Yougoslavie et ses photos témoignent de la même sauvagerie et inhumanité.
Profondément humaniste, il écrit : Plus que jamais, je sens que la race humaine est une. Au-delà des différences de couleur, de langue, de culture et de possibilités, les sentiments et les réactions de chacun sont identiques. Les gens fuient les guerres pour échapper à la mort ; ils émigrent pour améliorer leur sort ; ils se forgent de nouvelles existences dans des pays étrangers : ils s’adaptent aux pires situations…
.
Bien que simple témoin, il est très affecté par les scènes d’horreurs qu’il a photographiées et Il délaisse la photographie et son statut de photographe social
Rendu – littéralement – malade par le génocide du Rwanda qu’il avait couvert pour Magnum, il avait perdu sa foi en l’humanité et en lui-même. C’est à ce moment de dépression que sa famille lui a suggéré de reprendre la ferme de son père au Brésil. Pris de court, Salgado a hésité, puis accepté dans un réflexe de survie: il s’est soigné lui-même en soignant ce bout de terre que le développement avait ravagé. Il a créé une fondation et y a fait replanter des arbres, par milliers. Je ne sais pas si c’était aussi sponsorisé par Vale, mais toujours est-il qu’il a fait revivre la ferme, y a recréé des équilibres naturels. Dans la vidéo, on voit deux images, la première d’une sorte de cratère nu – le paysage qu’il a trouvé en revenant -, la seconde du même endroit rendu à la végétation.
.
Ce retour aux sources dans son pays le ramène à la photographie, son regard se tournant à présent vers les beautés de la nature. Après une dizaine d’année de travail, il vient de publier et d’exposer Genesis qui se veut au travers de somptueuses photographies un hymne à la nature et à la Terre.
Si les photos présentées sont très peu contestées, la démarche de ce travail l’est davantage : Mais la question qui se pose est: est-ce que le photographe brésilien le plus connu du moment n’aurait pas vendu son âme au diable? Ce photographe a-t-il encore une crédibilité pour parler des problèmes environnementaux? Lors du vernissage à Lausanne, le public était nombreux et, pour La Nuit des musées, près de 5000 personnes sont venues. Le succès de Salgado devient un phénomène international, mais progressivement une rumeur se lève, le photographe reconnu est soutenu pour ce travail par l’entreprise Vale ou Companhia Vale do Rio Doce, l’un des plus grands opérateurs énergétiques et logistiques du Brésil, cette dernière ayant financé entièrement le projet Genesis. Et cela pose un problème moral et éthique important. Là où le bât blesse, c’est que cette quête photographique à l’échelle de la planète, issue de trente voyages jusqu’aux confins du monde, a été financée exclusivement par un groupe d’extraction minière du Brésil et géant mondial mis en cause dans de nombreuses affaires. De plus, cette entreprise, en raison de son activité souvent douteuse, a reçu le Prix public Eye Awards en 2012 qui est reconnu comme «le Nobel de la honte» pour une entreprise privée. Ce prix désignant Vale comme étant la «pire entreprise de la planète» en raison de sa responsabilité pour des dégâts environnementaux graves.
C’est à chacun de se faire une idée mais, à mon avis, cela n’entache pas la personnalité émouvante de ce photographe et la qualité du filme qui le présente.
Terraferma.
Lampedusa, c’est loin et si petit à l’échelle l’Europe et c’est presque en Afrique tellement c’est au sud.
Un navire sombre tout près de là quelque part en Méditerranée et des centaines de passagers s’y noient, cela fait ici si peu de bruit. Nous n’imaginons pas les souffrances endurées et la fin atroce de ces existences. Ils étaient des migrants venus d’Afrique ou d’Asie qui ne supportaient plus la misère et la guerre dans lesquelles ils étaient contraints de vivre. Ils sont partis, ils ont essayé de fuir vers une vie qu’ils imaginaient meilleure, vers cette Europe dont, sûrement, ils rêvaient. Leur rêve s’est terminé et a fait place au vide dans l’indifférence des puissants, si ceux ne sont les mots justes du Pape qui parle de « honte » et de « la mondialisation de l’indifférence ».
Terraferma est le titre d’un film italien d’Emanuelle Crialese tourné en 2011 et construit à partir d’un événement réel similaire où Timnit T, femme immigrée originaire de la corne de l’Afrique et actrice principale du film, a été une des seul survivants sur un groupe de 90 migrants qui essayaient eux aussi de rejoindre l’Europe, après avoir passé vingt-trois jours en mer sans manger ni boire. Ils ont vu des bateaux croiser leur embarcation sans qu’aucun ne fasse un geste pour leur venir en aide.
Aujourd’hui c’est la même histoire, aussi tragique, qui s’est répétée.
Ce film est intéressant parce qu’il montre bien la complexité des sentiments, les hésitations, les méfiances, les contradictions ressentis par les habitants de l’île de Lampedusa, confrontés à l’arrivée des migrants venus d’Afrique. C’est, en réduction, toutes les contradictions et tensions qui se développent en Europe où l’extrême droite voit ses idées progresser avec, entre autres, les Roms.
La peur conduit à la colère, la colère à la haine, et la haine conduit au côté obscur de la force.
Terraferma
C’est un filme du cinéaste italien peu connu, Emanuele Crialese.
Il raconte la rencontre difficile, mais en définitive remplie d’humanité, entre des migrants venant d’Afrique et des marins pécheurs dans le sud de l’Italie. Il nous parle de conflits entre la force morale de ces marins (la Loi de la Mer ancestrale) et l’amoralité et l’inhumanité profonde des lois sur l’immigration, et des forces de polices chargées de les faire appliquer.
Dans un contexte local de crise et de pauvreté, ce filme montre comment ces marins réussissent à surmonter leurs peurs et leurs hésitations et tentent d’atténuer l’extrême souffrance vécue par les migrants.
Ce filme a été tourné dans l’île de Lampedusa dans le sud de l’Italie, île tristement célèbre pour les nombreux migrants africains y transitant.
C’est un très beau filme, n’hésitez pas à aller le voir.