Nous étions prévenus …

La température monte, monte monte ! Après cet été caniculaire avec une sécheresse inédite, suivi logiquement des premières tempêtes et orages d’une intensité rare, que dire ?

Depuis des années, dans ses rapports, le GIEC a largement prévenu, expliqué et répété les causes et les effets du réchauffement climatique en cours, et au premier chef nos gouvernants et représentants successifs, pour que nous ne soyons pas réellement surpris.

Mais il faut croire que tout ce beau monde préfère faire l’autruche et finalement continuer comme si de rien n’était.

C’est pourtant tellement évident … Vivant dans un monde clos où les ressources disponibles quelles qu’elles soient sont forcément limitées et onc épuisables, continuer à prôner une croissance économique permanente et effrénée ne peut que nous mener dans le mur.

Claude Levi-Strauss qui a très tôt dénoncé le modèle de développement insoutenable et uniforme des sociétés occidentales et aujourd’hui ultralibérales écrivait dès 1955:

Le monde a commencé sans l’homme et s’achèvera sans lui. J’imagine que l’humanité n’est pas entièrement différente des vers de farine qui se développent à l’intérieur d’un sac et qui commencent à s’empoisonner par leur propres toxines bien avant que la nourriture ou même l’espace physique ne leur manque.

Et depuis 1955, il ne s’est quasiment rien passé, bien au contraire ! La prise de conscience a été tardive est restée très limitée (il suffit de voir la place de l’écologie aux dernières élections) et, au nom d’un réalisme économique qui n’est que le cache sexe d’une recherche obsésionnelle du profit maximum, les actions vraiment efficaces sont inexistantes.

Fan de l’ubérisation de la société !

Et oui c’est bien lui, l’ex ministre de l’économie Emanuel Macron himself; et il l’assume dit-il ! Avec toujours le même discours usé jusqu’à la corde: mais c’est pour créer des semplois ! Ben voyons !

Mais s’il en est si fier, pourquoi ne pas l’avoir claironné et annoncé quand il était ministre et puis dans ses campagnes pour les présidentielles ? Bizarre , très bizarre non ?

Et non tout s’est passé en douce et il a fallu des fuites bien imprévues pour que nous les citoyens soyons enfin informés. Démocrate ? vous avez dit démocrate ? Non affairiste ! Et ne doutons pas que Uber, pas rancunier bien sûr, a largement remercié Macron du service rendu. C’est du gagnant gagnant, qu’ils disent (l’emploi que je vous dis !) Ah ! Ah !

Macron démission !

Poutine peut se marrer …

… et il a beau jeu de renvoyer les régimes dits démocratiques et défenseurs des libertés face à leurs larges et multiples contradictions, au premier rang desquels arrivent aujourd’hui les Etats Unis où la cours suprême vient de brutalement révoquer les droits à l’avortement.

Ce qui va d’ailleurs faire rêver les ultras religieux d’ici et d’ailleurs (des ultras il n’y en a pas que que chez les musulmans…), et avec eux tous les le Pen et Zemmour.

Et on comprend un peu la lassitude et les haussements d’épaules des pays du tiers monde qui ont subit l’esclavagisme puis la colonisation puis la mondialisation, quand nos chantres de l’ultra libéralisme économique prétendent leur donner des leçons de démocratie.

Ah ! mon dieu !

Ah mon dieu ! j’oubliais !

J’oubliais demain. Demain ? ah oui, demain, ben… c’est les élections …

Ah bon, c’est les élections , juste ca. Bon, c’est pas tous les jours. Dommage, sûrement dommage… Parce qu’un miracle serait toujours possible, comme un gentil pantin ou un bon diable surgis des urnes, comme l’élu (l’élue ?) de mon coeur ?

Ou alors des araignées cabalistiques, des milles pattes et des cafards fanatiques par milliers en surgiraient comme de crânes vides, choyés de regards perdus, fiévreux, hagards des affamés gavés, des agresseurs du néant ?

Bon demain je vote, oui je vote ! pour le miracle impossible, impossible, impossible !

Climat et écologie: une vision.

J’ai écouté avec intérêt les propos tenus par Aurélien Barrau « Pour une révolution politique, poétique et philosophique » sur France Inter dans l’émission de Mathieu Vidard « La Terre au carré ».

Au delà de propos volontairement provocateurs polémiques ou utopiques, je trouve dans les idées qu’il expose une justesse et une pertinence omniprésente, comme lorsqu’il affirme que face à l’évolution climatique actuelle, il n’y a pas de solutions technologiques (comme les LED chères à Roux de Bézieux), il n’y a plus de places depuis longtemps pour le « en même temps » cher à Macron et que les seules issues sont dans une remise en cause du modèle occidental de production et de consommation capitaliste ultra libéral et profondément inégalitaire.

Je vous propose de les retrouver ci-dessous.

Bonjour Mr REZA.

Reza Deghati par Claude Truong-Ngoc avril 2022

Pour la seconde fois Reza nous fait l’immense plaisir d’être présent à Strasbourg pour le 3ième Salon de Photographie de Strasbourg et à cette occasion nous a offert une conférence à laquelle j’ai eu la chance de pouvoir participer comme auditeur.

Sans artifice et sans projecteur, Reza nous a parlé une heure durant de ses photos, de sa démarche, de son parcours, de son éthique. L’écouter à été pour moi un moment exceptionnellement intense par les valeurs d’équité, de justice, d’humanité et d’universalité portées par cet homme. Une parole qui fait un bien fou et qui contraste avec une actualité et des discours souvent très sombres et très fermés.

Reza Humanist Photographer.
Reza Humanist Photographer.

Voici son site internet sur lequel vous pourrez retrouver ses plus célèbres photographies qui ont fait le tour du monde : http://reza.photo

Et si l’occasion pour vous se présente, courrez voir ses images et l’écouter !

Marina Ovsiannikova

Marina Ovsiannikova (Марина Овсянникова) est une femme russe productrice employée à la télévision qui, faisant preuve d’un courage et d’une résolution magnifique, vient de manifester le 14 mars 2020 son rejet et son opposition à la guerre en direct sur la télévision russe !

Marina est la personne qui déploie l’affiche sur laquelle elle dit : « Non à la guerre. Arrêtez la guerre. Ne croyez pas à la propagande. Ils vous mentent ici. Les Russes contre la guerre »

Elle a également publié une vidéo sur la messagerie Télégram expliquant son geste:

Voici ce qu’elle dit :

« Ce qui se passe en Ukraine en ce moment est un véritable crime. Et la Russie est l’agresseur. Et la responsabilité de ce crime ne pèse que sur la conscience d’une seule personne. Et cette personne est Vladimir Poutine. Mon père est ukrainien, ma mère est russe. Ils n’ont jamais été ennemis. Et ce collier autour de mon cou est un symbole du fait que la Russie doit immédiatement arrêter la guerre fratricide afin que nos peuples frères puissent encore se réconcilier. Par malheur, ces dernières années, j’ai travaillé sur la Première chaîne, en faisant la propagande du Kremlin, et j’en ai maintenant très honte. J’ai honte de les avoir laissés raconter des mensonges sur les écrans de télévision. J’ai honte de leur avoir permis de transformer en zombie le peuple russe. Nous sommes restés silencieux en 2014 quand tout cela a commencé. Nous ne sommes pas allés aux rassemblements et aux manifestations lorsque le Kremlin a empoisonné Navalny. Nous nous sommes contentés d’observer silencieusement ce régime anti-humain. Et maintenant, le monde entier nous a tourné le dos. Et les dix prochaines générations à venir ne seront pas en mesure de laver la honte de cette guerre fratricide. Nous sommes le peuple russe. Nous sommes réfléchis et intelligents. Il est en notre pouvoir d’arrêter cette folie. Allez manifester, n’ayez pas peur, ils ne peuvent pas nous arrêter tous »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marina_Ovsiannikova

Marina Ovsiannikova a été arrêtée et va être jugée pour avoir dit la vérité et défié Poutine. La France lui a offert sa protection.

« Tropique de la Violence »

Dans son roman publié en 2016, Nathacha Appanah nous amène dans une ile de la France d’Outre Mer, l’île de Mayotte, île de l’archipel des Comores perdue dans l’Océan Indien au large de Madagascar, une petite île avec son bidonville géant qui draine la misère avec la violence et la corruption dans des kwassas-kwassas venus depuis les îles voisines de l’archipel devenues indépendantes et abandonnées et qui sont depuis devenues un des états les plus pauvres du monde.

Avec Nathacha Appanah, la misère et le violence ne sont ni anonymes ni désincarnées. Dans son roman, Moïse et Bruce nous envahissent, nous y immergent , deux êtres si semblables « la même taille, la même forme du crâne, les mêmes lèvres charnues », et aussi la même couleur, les mêmes origines et enfin le même destin, finalement.

Moïse est apporté par la mer à bord d’un kwassas-kwassas; il est abandonné par sa mère parce qu’il aurait le mauvais œil, puis il est volé à son destin de clandestin par une muzungu, une « étrangère », Marie qui l’adopte illégalement. Il perd Marie trop tôt décédée et devient Mo la Cicatrice, enfant des rues, et retombe malgré lui dans sa destinée sous l’emprise de Bruce qui le soumet et l’écrase mais qu’à son tour il va réussir à dominer physiquement et qu’il va tuer pour s’en délivrer et peut être aussi pour le délivrer. Mo la Cicatrice redevient alors Moïse pour quelques heures seulement. Mais pour conserver sa liberté reconquise, il se jettera dans la mer par où il est arrivé et où il disparaît à jamais.

Bruce, son vrais nom c’est Ismaël Saïd. Son père voulait pour Ismaël un bel avenir: « mon père prie pour que j’aille loin que je traverse les mers que je porte un costume une cravate et que je parle bien français…. ». Mais ce n’était pas le destin d’Ismaël. A peine adolescent, parce qu’il ne réussit pas à être ce que son père voulait qu’il soit, il entre en conflit avec son père puis avec toute sa famille. Il devient rapidement Bruce, ado des rues, qui vit de rapines et de trafics. Dans cette jungle des rues, Bruce s’impose peu à peu, Bruce devient le « chef » de Gaza, quartier « défavorisé » de Kawesi. Enfermé dans son conflit avec son père, à la fois complice et piégé dans son rôle de chef de Gaza, Bruce est assoiffé de domination, il est violent,violeur, brutal et sadique.

« Gaza c’est un bidonville, c’est un ghetto, un dépotoir,un gouffre, une favela, c’est un immense camp de clandestins à ciel ouvert,… ». Gaza, c’est la putréfaction avancée de l’esclavage, puis du colonialisme, puis du néocolonialisme, en Afrique comme ailleurs. Gaza fabrique les Bruce.

Nathacha Appanah invite le lecteur à habiter ces personnages, à vivre tous les instants de leur vie, de leurs fuites, de leurs luttes, à penser comme eux, à ressentir leurs plaisirs et leurs souffrances.

Ce livre est donc paru en 2016. Aujourd’hui lorsque l’on consulte les actualités de l’île de Mayotte, on constate qu’il ne se passe pas de semaines sans agressions souvent mortelles. Les bidonvilles détruits ici réapparaissent là. Les kwassas-kwassas partent toujours des Comores voisines et s’ils ne disparaissent en mer apportent inlassablement de nouveaux migrants qui n’en finissent pas de tenter de fuir le dénuement et la misère.

Bonne année 2019 !

Tous les bons souhaits ne seront pas de trop pour faire de cette année à venir une année faste riche et remplie de promesses heureuses.
Que le souffle du progrès social réel, de l’altruisme et de la fraternité ouvre le coeur et les frontières de notre Europe vieillissante et ridée.
Bonne année encore…

Les Gilets Jaunes ou les dix jours qui ébranlent la macronie.

Nous avions eu les éloges des premiers de cordée, montrés largement en exemple.
Et puis voilà,  voilà que les « rameurs » invisibles et laborieux, au mieux rémunérés au smic, largement oubliés des hautes sphères et des médias viennent de leur  rappeler leur existence étriquée et souvent solitaire.
Il a suffit d’une étincelle pour que l’explosion sociale se produise. Et c’est la France de Zola et du 19ième siècle repeinte aux couleurs technologiques des GAFAM qui se dessine en jaune sur les multiples écrans de notre quotidienneté.
Les lumpenprolétaires du 21 siècles peuvent inquiéter à juste titre. Légitimement révoltés par leur condition mais très inorganisés et dépolitisés, ils sont ici et maintenant comme avant et ailleurs le terreau antidémocratique d’un extrémisme de droite antisémite, raciste et xénophobe.
Avec la lutte contre le réchauffement climatique, c’est un double défi majeur qui est posé à nos démocraties. Seules les solutions basées sur une répartition équitable des efforts et des richesses sont aujourd’hui aptes à relever ce défi.
Que chacun sache en tirer les leçons qui s’imposent !