Antonio Gamoneda….

J’ai fait presque toute les librairies de Strasbourg sans avoir pu trouver une seule des publications existantes de ce poète.
Etonnante absence (rejet ?) pour un poète célébré comme une des grandes voix de la poésie espagnole, peut-être à cause de sa poésie pleine de notre inexorable dégradation et de notre inépuisable souffrance. Mais cette poésie dépasse cette exploration désespérée sait offrir des instants sans limites.
Heureusement la Médiathèque Municipale de Strasbourg permet d’accéder à toutes ses oeuvres.

Froid des Limites.

voici un poème qui peut être dédié à nos insomnies…

C’est bientôt l’aube. Il y a encore de la nuit sur tes plaies.
Voici venir les couteaux du jour. Ne
te mets pas nu dans la lumière, ferme les yeux.
Reste dans ton lit sanglant.

Cet autre poème me fait penser à une peinture: la madone d’Edouard Munch

Les serpents crient dans les cellules de l’air. L’ébriété monte des jambes féminines et toi tu poses tes lèvres sur leurs liquides.
Cueille la fleur de l’agonie. Elle est
encore humide la cendre que tu aimes.
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Et voici toute la perfection et la pureté des mots simples …

Clarté sans repos

J’ai posé mes mains sur un visage et je les ai retirées blessées d’amour. A présent
l’oubli caresse mes mains.

Une passion froide durcit mes larmes.
Les pierres pèsent sur mes yeux : quelqu’un
me détruit ou m’aime.

B.B.C.

C’est un sigle qui signifie Bâtiment Basse Consommation et qui est bien répandu aujourd’hui. Il s’affiche sur la moindre nouvelle construction en très gros voire en clignotant si c’était possible. Il y a des zones entières BBC qui germent un peu partout à la périphérie des villes.

Quoi de plus normal me direz vous que l’on se préoccupe des économies d’énergie et d’écologie dans le domaine de la construction. Et pas de doute que cela soit, bien même si on peut s’interroger sur la nature des produits pas très naturels utilisés pour l’isolation. Mais bon hein, qui propose mieux en attendant ?n

Non, ce qui me gène vis à vis des promoteurs en marges plutôt rondelettes, enfin tout le laisse supposer (sinon à quoi sert les affaires ?), c’est le bien peu de cas fait du cadre de vie des futurs habitants de ces zones BBC. Et sous ce label un peu vert écolo, on construit n’importe où et n’importe comment et on densifie et on entasse au maximum. Et on peut craindre que se profilent rapidement les futures zones blanches ou rouges ou noires comme on voudra, avec leur contingent de ghettos, de délinquants et de violences.

Let it be !

Mme TAUBIRA est une personne remarquable.
Je l’avais remarquée lorsqu’elle était candidate à une élection présidentielle déjà bien lointaine pour sa prestance, son indépendance et pour la qualité et la justesse de son discours. La retrouver au ministère de la justice a donc été une très bonne surprise.
Elle a toute la volonté nécessaire pour mener une réforme de fond de notre société par son récent projet sur le mariage des personnes de même sexe (ou homosexuelles, oh !) qui soulève les passions (tiens ?) et l’ire de nos traditionalistes les plus flétris et recroquevillés. A bien y réfléchir, il ne s’agit pourtant que d’une reconnaissance de leur existence et de leurs droits, à égalité avec tout autre personne dans ce pays et au delà de toute vindicte et ségrégation.
Chacun vit sa vie avec plus ou moins de bonheur, laissons les vivre la leur comme nous vivons la nôtre, le mieux possible et au grand jour !

Vive la retraite à 60 ans !

On me dira bien sûr que ce n’est qu’un retour très partiel à la retraite à 60 ans, mais tout de même, le décret dont la sortie est imminente devrait atténuer fortement les injustices les plus criantes de la réforme très sarkozienne de 2010, en particulier pour les femmes et pour celles et ceux qui étaient écartés du dispositif carrière longue et qui se retrouvaient en attendre jusqu’à deux ans d’avoir atteint l’age légal alors que ils avaient atteint depuis belle lurette le quota du nombre de trimestres cotisés.

Et puis ce décret ne marque que le début des (vraies) négociations pour une refonte de la réforme des retraites avec, on l’espère, une préoccupation de justice sociale et d’équité dans l’effort demandé à chacun et forcément avec une inéluctable réflexion sur les conditions de travail devenues trop souvent inhumaines dans notre pays.

Dans deux jours, devinez quoi…

Dans deux jours; devinez quoi ! devinez quoi !
Dans deux jours, il sera temps et tant nécessaire de se souvenir. Et Il sera temps de penser à la retraite de celui qui l’a refusé, il n’y a même pas deux ans, à tant qui qui ont fait tout leur temps et qui l’ont tant mérité leur retraite à 60 ans.
Et même si celui là, il ne l’a pas encore fait tout son temps, tant mieux qu’il y soit mis d’office, à la retraite.

Mais qu'est ce donc que la politique dans cette campagne ?

La politique n’est pas une affaire d’enfant de coeur, parait-il, et son seul objectif serait le pouvoir (au fait, mais pour faire quoi ?). Et pour atteindre cet objectif, tous les moyens sont bons avec comme seule limitation une apparence de respect de la légalité sauve.
Caricature, excès, surenchères, outrances verbales, dénigrements sont les instruments privilégiés de certains candidats dits du peuple dans la volonté de dégrader l’adversaire dans une chasse aux voix cynique et brutale.
 
Un exemple ? dans le débat sur l’énergie nucléaire, il fallait voir ce soir Mr Coppé brandir sa carte de France des centrales avec bien en caractères bien gris et bien rouges le chiffres de 400 000 emplois qui seraient rayés de la carte si le tout nucléaire était remis en cause. Parce que bien sûr, derrière ces 400 000 emplois, il y a beaucoup d’électeurs à influencer, n’est ce pas ! Ce chiffre est bien sûr une absurdité et n’est qu’une vulgaire caricature des idées défendues par le candidat d’opposition. Réduire la part du nucléaire est d’abord une question de sécurité qui ne sera atteinte lorsque nous en serons sortis. Economiquement, ça a un coût bien sûr et c’est pour cette raison que ça va demander du temps, beaucoup de temps. Mais Mr Coppé devrait se poser ces questions:combien vont coûter les accidents de Tchernobyl et de Fukushima et combien coûterait à la France et à l’Europe un accident nucléaire équivalent à ceux de Tchernobyl ou de Fukushima et combien de ressource et d’emplois seraient alors détruits ?
 
La chasse cynique aux voix a aussi ses thèmes de prédilection tellement banalisés aujourd’hui comme l’insécurité bien sûr, mais aussi l’immigration en jetant la vindicte sur les immigrés et sur les populations de religion musulmane présentées comme barbares (la viande halal…) et désignés comme responsables et de l’insécurité et du déficit de nos comptes sociaux, sans parler du repli nationaliste exploité et proposé dans une hostilité à l’idée européenne ainsi qu’aux populations du tiers monde (mais pas seulement, pensez aux Roms) présentées comme non civilisées et responsables de notre déclin dans la mondialisation.

la taxe Tobin (James Tobin)

Imaginée en 1972 pour lutter contre la spéculation (déjà !) et depuis restée lettre morte et fortement décriée par… Mr Sarkozy entr’autres, voici que 40 ans plus tard (ça ne rajeunit personne) et très difficile échéance électorale approchant, l’éventualité de cette taxe resurgit en catastrophe de la bouche même de son ancien illustre et roublard pourfendeur comme cadeau (électoral ?) pour cette nouvelle année 2012.
Pour simple rappel, l’idée du très orthodoxe James Tobin était de taxer les transactions financières à un taux très faible de façon à ne pas pénaliser les transactions considérées « normales » ou « honnêtes », et à lutter contre la spéculation basée elle bien sûr sur d’incessantes et énormes transactions en anticipant les fluctuations des marchés.
Mais comme on dit il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, alors moi je dis bravo.. avec quand même une réserve sérieuse sur la profonde sincérité de ce changement d’opinion. Et puis attendons de mesurer la marge qui pourrait bien devenir un gouffre entre déclarations d’intentions affichées et autres effets d’annonces déjà vécus en 2008, et les actes qui restent à venir. D’ailleurs il n’y a qu’à entendre déjà les nombreuses réactions franchement hostiles du monde très influent des affaires et de la finance.
Et il est à parier qu’il n’en restera bientôt plus que l’effet d’annonce et une coquille quasiment vide. Et des promesses bien sûr, mais pour plus tard.

La dette publique expliquée pour les "nuls"…

Pour le commun des mortels (moutons à tondre ?) plutôt…
Enfin une explication simple et non simpliste sur le fonctionnement des mondes financier et monétaire et sur leurs aberrations actuelles.
A voir et à revoir !

page blanche.

C’est comme un mauvais rêve: « Page blanche pour la rentrée ».
Une page blanche, comme un paradis blanc, comme avant… avant la crise, avant la Grèce et son déficit, avant Sarkozy le sauveur masqué, avant le tsunami et sa vague haute, haute comme trois building, avant les trop lourdes valises révélées et re-révélées (on ne nous apprend décidément rien), avant les bad boys toujours frais, toujours prêts (vous savez, les traiders…), avant les fleurs épanouies du nucléaire: Fukushima et Tchernobyl.
Avant quoi ! Avant que ma (leur) jeunesse et mes illusions ne passent.
Page blanche, ça n’existe plus que dans les mauvais rêves, comme la lumière prise de vitesse et comme un sénat devenu émotif.

La France et le nucléaire. Et la démocratie ?

Entendu à la radio (France Inter) ce matin et vérifier sur internet (nouvel observateur).
 
Mr Besson, actuel ministre de l’industrie, a quitté précipitamment le plateau télé de M6 mercredi soir dernier (le 15 juin donc) au moment où était diffusé le témoignage d’un sous-traitant chargé de la sécurité dans les centrales nucléaires. « Le ministre s’est levé. Il a retiré son micro et l’a jeté sur la table et il a dit: Allez, je vous laisse. Je me casse. Fait chier », a témoigné une personne qui a assisté à la scène. Ce témoin ajoutant : « Quand le journaliste lui a demandé ce qu’il faisait, le ministre a répondu: Je me barre ». (Source : Le Dauphiné Libéré).
 
Au delà de la péripétie journalistique et du manque d’élégance de ce ministre, c’est bien toute la question de la quasi omerta et de réel débat démocratique autour du nucléaire français qui revient inlassablement. Tout le monde a en tête les premières déclarations très « langue de bois » du même ministre à propos de la catastrophe de Fukushima:
 
extrait édifiant du site du Parisien : Eric Besson: «Ça n’a rien à voir avec Tchernobyl». Évoquant l’explosion survenue dans la centrale japonaise de Fukushima, le ministre français chargé de de l’Industrie et de l’Énergie, Eric Besson estime que «c’est un accident grave mais ce n’est pas une catastrophe nucléaire». Nathalie Kosciusko-Morizet précise que l’outre-mer français n’est pas menacé. Les rejets de la centrale japonaise sont «faiblement radioactifs», selon la ministre de l’environnement. 17h56. Le niveau 4, retenu pour qualifier l’accident nucléaire survenu à Fukushima samedi, qualifie les accidents n’entraînant pas de risque important hors du site, selon les documents de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le terme anomalie est utilisé pour le niveau 1 et le terme incident n’est employé que pour les niveaux 2 et 3. Le niveau 4 est le pire connu jusqu’à présent au Japon, a précisé un responsable de l’agence.
 
Aujourd’hui nous savons ce qu’il est advenu et la pertinence de l’analyse rassurante de nos ministres éminents. Ce qui est par contre assuré, c’est que ni moi, ni Mr Besson, ni vous cher lecteur, ne seront encore de ce monde pour connaître le fin de l’histoire… Ainsi apparaît de plus en plus la réalité du nucléaire, une technologie qui ne donne pas le droit à l’erreur ou bien, si vous préférez, pour laquelle l’erreur est fatale. Et comme l’erreur est humaine, il n’y a qu’un pas pour penser que le nucléaire est une technologie inhumaine.
 
Alors la sortie de Mr Besson du plateau de M6 refusant de fait toute confrontation, toute contradiction, et tout débat sur le nucléaire parait proprement scandaleuse et indigne.